L’ABC
des colonies françaises. La Sous-France,
de Rachid Oulebsir, une enfance kabyle dans la guerre d’Algérie.
Cimetière
Montparnasse, l’argent du terrorisme, caché entre les dalles. Daech
détruit
encore Palmyre. Dieu Allah, moi et les autres, un
livre de Salim Bachi.
L’affaire Théo. L’usurpateur infâme, Mehdi Meklat. Les Roms sous le
viaduc. Une
chambre à soi.
Début
janvier
Les
deux femmes libraires de la librairie Pages volantes
à Paris,
me réservent les abécédaires anciens. C’est ainsi que je m’amuse avec l’ABC
des colonies françaises, 1946. Stéréotypes en images d’Épinal
de l’empire
colonial. « La brochure enfantine » publie des albums
pour enfants
« La rédaction de ces brochures a été confiée à des Membres de
l’Enseignement qui, grâce à une longue expérience de l’Enfant, ont su
se mettre
à sa portée. »
ABC des colonies françaises.
Je
relis un récit de Rachid Oulebsir : La Sous-France,
Souvenirs d’un écolier dans la Kabylie en guerre, 1959-1962
(éd.
Ressouvenances, novembre 2016, Villers-Cotterêts), que m’a
envoyé
Jean-Louis Mohand Paul, typographe, traducteur, éditeur, fils d’un
Algérien et
d’une mère française.
Le
récit de Rachid Oulebsir, journaliste, essayiste, oléiculteur dans
son village natal en Kabylie, me rappelle le recueil : Une
enfance dans
la guerre, Algérie 1954-1962 (éd. Bleu autour, 2016) où
quarante-quatre
écrivains, nés en Algérie, enfants pendant la guerre, musulmans,
chrétiens ou
juifs racontent l’Algérie en guerre. Je retrouve des épisodes
similaires :
l’homme défiguré exhibé par les maquisards parce qu’il a enfreint
l’interdit de
la cigarette par le FLN, Nourredine Saadi raconte une scène semblable
qui le
terrifie, à Constantine. La peur qui provoque la fuite urinaire
irrépressible,
Jose Lenzini, N. Saadi. La menace d’empoisonnement et de cécité
(Mohamed
Kacimi). La ruse des femmes pour donner des pataugas aux maquisards
(Tassadith
Yacine). Les youyous des femmes (J.-J. Gonzalès)… Les contes
traditionnels de
la grand-mère et de la mère, qui rassurent les enfants (Nora Aceval).
Les
hélicoptères militaires qui terrifient les enfants. Les zones
interdites et les
villages de regroupement où l’écrivain, enfant, a souffert comme tant
d’autres
Algériens. Rachid Oulebsir insiste sur la cruauté des harkis et des
« soldats noirs » qui torturent une jeune résistante
et la tante du
narrateur qui se donne la mort, sur la nécessité de soustraire les
femmes et
les jeunes filles à la voracité sexuelle des soldats français, harkis
et
sénégalais. L’écrivain rappelle aussi l’interdiction d’aller à l’école
française imposée par le maquis en même temps qu’il fait l’éloge des
instituteurs et des institutrices. Il termine son récit en affirmant
que le
pouvoir, après l’indépendance, a trahi le peuple. Peut-être y aura-t-il
une
suite à ce récit passionnant, concernant l’Algérie
indépendante ?
Mi-janvier
Je
traverse souvent le cimetière du Montparnasse. J’apprends, dans la
presse, que des djihadistes ont caché de l’argent pour l’achat d’armes
entre
les dalles d’une tombe abandonnée.
Fin
janvier
Daech
détruit à nouveau les vestiges antiques de Palmyre. La vagabonde
de la nouvelle que j’ai publiée dans l’Orient est rouge
(Elyzad, 2017)
« la vagabonde de Palmyre » a-t-elle été
épargnée ?
Manon
Paillot qui a contribué à la réédition de Je ne parle pas la
langue de mon père et L’arabe comme un chant secret
(éd. Bleu
autour, aquarelles de Sébastien Pignon, cahier photos, 2016) m’envoie
des
photos d’écoles des « Hussards noirs », comme mes
père et mère (il
faudrait que j’aille en Algérie pour photographier les écoles de la
colonie, on
en verra peut-être dans le prochain recueil sur l’école en Algérie
avant 1962
dirigé par Martine Mathieu-Job que publiera Patrice Rötig, des éditions
Bleu
autour).
école Bordeaux
école Saint-Emilion (Manon Paillot,
juin 2016)
école de
garçons, Lanton
école de filles,
Lanton
(Manon Paillot,
juin 2016)
Début
février
Je
lis Dieu Allah, moi et les autres (Gallimard,
2016), de Salim
Bachi, un écrivain algérien, né en 1971 en Algérie. Il raconte les
sévices des
maîtres de l’école algérienne, leur sadisme, l’enseignement de la
religion et
du Coran. À 15 ans, il ne croit plus en Dieu, il rejette la religion,
il ne
veut pas apprendre l’arabe. En 1995, sa rencontre à Paris avec Olivier
Todd est
décisive. Il sera écrivain. Il s’émancipe avec des Françaises, des
Européennes.
Il se marie avec une Française, acquiert la nationalité française et un
fils.
Salim
Bachi perd ainsi volontairement le pays natal, la religion
musulmane, la langue arabe. Il critique le système politique algérien
corrompu
et les politiciens. On retrouve en écho les positions courageuses de
Boualem
Sansal et Kamel Daoud, contre l’islamisme.
À
Aulnay-sous-Bois, « l’affaire Théo ». Un jeune subit
les
violences de la police, il aurait été violé avec la matraque d’un
policier.
Ripostes des « quartiers » incidents, manifestations,
incendies de
bus en France, une semaine d’émeutes : Tremblay-en-France,
Villepinte,
Marseille, Bobigny, Paris, Torcy, Argenteuil, Nanterre,
Mantes-la-Jolie, Les
Ulis, Sarcelles, Épinay, Dijon… une carte de France de la colère contre
les
violences policières. Colère légitime.
Mi-février
L’affaire
Mehdi Meklat de Bondy Blog. Les médias croient avoir
découvert un nouveau génie de la banlieue. Ils ont besoin de scandales,
ils en
vivent. Le jeune homme de la Seine-Saint-Denis, chroniqueur à Bondy
Blog et à
Radio France a publié deux livres au Seuil avec son complice Badrou, un
duo
efficace, les « Kids ». On les invite sur les
plateaux jusqu’au jour
où on découvre le double de Mehdi Meklat, Marcelin Deschamps (un nom
qui lui
paraît très français) qui twitte quarante mille injures antisémites,
racistes,
homophobes, misogynes depuis plusieurs années.
Pour
Mehdi Meklat qui semble s’excuser, pour ne pas se priver des
plateaux médiatiques, c’est un acte littéraire, artistique… Il ruse
ainsi pour
exprimer sa haine de la liberté, des mœurs de l’Occident… Il fait même
l’apologie du terrorisme. Sera-t-il jugé ? Rien n’est sûr. Le
délai de
prescription pour les propos racistes et antisémites n’est que d’un an.
La
Licra a porté plainte. Peut-être le Mrap.
Mehdi
Meklat représentait pour ses admirateurs médiatiques la nouvelle
génération prometteuse de la banlieue. Bondy Blog ne l’a pas
licencié ?
Fin
février
Je
retrouve des photos de l’été 2016 : les roms sous le viaduc.
La
famille de Tatsiana est retournée en Roumanie. À son retour,
Tatsiana sera une jeune fille. Elle mendiera toujours avec son père au
coin de
« L’atelier des saveurs » boulevard Blanqui, géré par
une famille
arabe qui a pris la suite d’une famille chinoise ?
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sous le viaduc les Roms,
octobre 2016 (coll. part.)
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Une chambre à soi. Chez moi.
Paris 13.
une chambre à soi, septembre 2016 (coll
part.)
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