La
Syrie. 7 novembre. Lysel. « Dieu est
noire ». Le train du sexe.
Les écoles par Gérard Bordas. Le voyage dit du midi de
George Sand à
Tamaris. Vers Montluçon avec Patrice et Rosie. Le monument aux morts.
Sarrebruck. Lieux de mémoire avec Gilzmer Mechtild. L’Institut français
de
Valérie Deshoulières. Rouen avec D. pour Gustave Guillaumet. Simone et
Jean-Paul au café Le Métropole. Les macarons de
Jeanne d’arc. Attentat
islamiste à Berlin. Israël poursuit la colonisation. Menace sur les
brasseries
de Montparnasse.
Début
novembre
Pour
longtemps, on entendra les noms des villes martyres syriennes, Alep,
Damas,
Raqqa, on verra des ruines et des familles en exode et des massacres.
L’opération « Colère de l’Euphrate » rappelle les
noms baroques des
batailles américaines en Irak lors des interventions militaires qui ont
produit
le chaos actuel. Raqqa, aujourd’hui ville modèle du califat djihadiste
exécute
et expose les corps suppliciés sur le « rond-point
Paradis »
désormais « rond-point de l’enfer ».
Le
7 novembre, jour anniversaire de ma sœur Lysel. Elle n’ira pas
au vieux
Ténès, la ville de l’enfance paternelle, secrète, mythique, la ville
marine. Je
ne peux plus parler avec elle de son voyage en Algérie, le dernier. Je
peux lui
dire que je pense à elle, qu’elle est dans mes rêves algériens avec mes
père et
mère. Vivante.
15 novembre
Sur le
mur du journal Le Monde (il doit déménager en 2017,
m’a dit Catherine
Simon), rue Vulpian, on a écrit en capitales noires géantes
DIEU EST NOIRE
Le
journal Le Monde consacre une page à une nouvelle
forme de
tourisme : le voyage libertin, train sexuel, paquebot bientôt,
avion… Luxe
et volupté, servitude volontaire dans une prison qui se déplace Paris,
Amsterdam,
Berlin, Barcelone… Pourquoi pas Jérusalem et Bagdad ?
L’obscénité n’a pas
de limites et elle doit coûter très cher. Tourisme sexuel de luxe,
prostitution
proxénétisme à toute vitesse.
Mon
cousin de Dordogne, Gérard Bordas, m’envoie des photos d’écoles
Troisième
République avec inscriptions dans la pierre, derniers vestiges Jules
Ferry.
Gérard pense ainsi à moi lors de ses voyages en France. Un beau paysage
de
Jaure où nous venions enfants, chez le grand-oncle Joseph, le frère de
mon
grand-père maternel Henri. La femme de Joseph, Isabelle, avait des yeux
bleus
perçants. Elle nous regardait avec l’attention des personnes qui n’ont
pas
quitté le village natal, fascinée par l’exotisme si proche et vivant
des quatre
enfants de l’autre rive. Isabelle avait-elle vu la mer ?
Savait-elle où se
trouve l’Algérie où sa nièce, ma mère, vivait avec un Arabe
instituteur, les
cheveux noirs frisés, un bel homme, « Tiens, il a des yeux
bleus comme
nous… et il parle la langue française des livres ».
écoles, novembre 2016, Gérard Bordas.
Début
décembre
Je lis Le
voyage dit du midi de George Sand à Tamaris
(février 1861 –
mai 1861) (éd. Livres en Seyne, 2012). George Sand est avec
son fils
Maurice et son ami Manceau qui achètera une maison pour elle à
Gargilesse. J’y
suis allée avec D. Elle tient un journal très ennuyeux où il est chaque
jour
question du temps qu’il fait et de son estomac. Elle n’aime pas ce
pays. Elle
botanise avec son fils qui part, en mai 1861, à Alger. Je
demanderai à
Michelle Perrot où je peux trouver des notes ou des lettres sur ce
voyage.
8-9 décembre
Avec
Patrice Rötig et Rosie Pinhas-Delpuech, nous allons à Montluçon à la
médiathèque d’Arnaud Saez où je retrouve Nawel Abdelhak avec ses
élèves. Dans
le beau pays bourbonnais, nous nous arrêtons à Saouvigny. Dans l'église
prieuriale,
Jeanne d’Arc, encore une fois, et les reliques des Saints Mayeul et
Odilon. Au Maghreb, les
juifs et les musulmans honorent souvent les mêmes Saints, culte
interdit par le
judaïsme et l’islam officiels, comme me le rappelle mon amie, née au
Maroc,
Lucette Heller-Goldenberg. En face de l'église, un petit atelier
« Retouches » et un kébab
« Reyna », comme dans beaucoup de
petites villes de France.
Entre Moulins et Montluçon, à
Desertines, un petit cirque au
bord de la route, tente rouge et jaune, des animaux en liberté, un
chameau, des
chèvres, un lama peut-être. Comme dans un manège.
Le
monument aux morts de Montluçon face à l’hôtel des Bourbons, représente
des
personnages sur la voie de chemin de fer où une locomotive est arrêtée.
J’ai
pris des photos. Ratées.
13-14
décembre
À
Sarrebruck je suis invitée par Gilzmer Mechtild à l’Université et
l’Institut
français par Valérie Deshoulières. Avec Gilzmer qui a fait un travail
de
recherche sur les camps de femmes en France en
1939-1945 (éd.
Autrement), je parcours les lieux de mémoire qui existent autour de la
ville.
À
Sarrebruck, décembre 2016.
16 décembre
À
Rouen,
au Musée des Beaux-Arts pour des tableaux algériens de Gustave
Guillaumet. La
petite cardeuse, un marché kabyle dans les réserves je ne peux pas le
voir, un
paysage algérien. Je reviendrai. Marie Gautheron est commissaire d’une
grande
exposition qui aura lieu dans plusieurs musées. J’écrirai un
texte. Avec D.
au café Le
Métropole,
les visages sculptés de Simone de Beauvoir et
Jean-Paul Sartre. Ils ont été professeurs à Rouen. Je
retrouve Jeanne d’Arc sur une charrette publicitaire de macarons.
Rouen,
décembre 2016.
Attentat
meurtrier à Berlin sur un marché de Noël. Anis Amri, Tunisien
délinquant en
Italie, Sicile, Allemagne. Il se radicalise dans les prisons
italiennes. Il est
arrêté par hasard en Italie où il est abattu par la police.
Israël
poursuit la colonisation des territoires malgré la condamnation du
Conseil de sécurité
de l’ONU. Où vivront les Palestiniens privés de terres, de pâtures, de
terres
agricoles, de maisons, de vie ? Coloniser jusqu’à ce qu’il n’y
ait plus de
Palestiniens en Cisjordanie. Les Palestiniens ne parviennent pas à
organiser
une résistance efficace, à Gaza non plus.
Les
brasseries de Montparnasse menacées de disparition. Le Dôme,
La Rotonde, La
Coupole où je ne vais plus depuis les derniers travaux qui
l’ont
transformée en lieu inhospitalier et froid et trop cher.
Il n’y
aurait plus que McDo, des Chinois et des fripes ? Comme
boulevard
Saint-Michel. Il faudrait quitter Paris ?
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