Octobre
Des
Roms et les migrants. Le rappeur Jo Le Phéno. La maison de
Colette « Festival international des écrits de
femmes »
à Saint-Sauveur-en-Puisaye. Anne Garréta. Au bar-tabac-loto du
centre-ville. La mairie. Les écoles. Les « pavés
Saint-Sauveur » de la pâtisserie Mauriette. Paysage de la
steppe natale.
Avec Françoise Navarro, rencontres-dialogues à Toulon, pas de
carré musulman au cimetière, la Seyne-sur-Mer. Ollioules Café
le France. Tamaris, George Sand, la villa mauresque.
Mariage mixte interdit par son clan familial musulman en
France. Le roi du Maroc défend un chanteur violeur marocain en
France. Coquilles Saint-Jacques des côtes françaises pillées par
les pêcheurs anglais et irlandais.
3 octobre
Rue
Émile Ricard à Paris, le long du cimetière Montparnasse,
des Roms ont dressé des tentes contre le mur. Sur une tente Quechua
verte, un texte imprimé :
« Je ne suis pas un migrant donc pas de
logement »
5 octobre
Le
ministre de l’Intérieur Cazeneuve porte plainte contre le
rappeur Jo Le Phéno pour son clip anti-flic:« Où sont les
condés… Sans hésiter faut les fumer… Je
pisse sur la justice et la mère du commissaire. »
7-8-9
octobre
Saint-Sauveur
en Puisaye.
Boulangerie-pâtisserie MAURIETTE (rue de la Roche) (coll. part.).
Rencontres
de la Maison de Colette organisées à Saint-Sauveur en
Puisaye par le directeur et son équipe, Frédéric Maget. Le lieu
est superbe, Château-Musée Colette, la Tour Sarrazine terre de
sienne, ronde et belle, le parc. Il faisait beau pour le Festival
International des Écrits de Femmes. Un public nombreux.
Curieux.
Des libraires. Tables rondes et cafés littéraires où j’ai
retrouvé les compagnes de mes routes françaises et féministes qui
parlent dans Le pays de ma mère, voyage en Frances
(Bleu
autour, 2014). Cathy Bernheim, Liliane Kandel, Xavière Gauthier et
aussi Françoise Picq, Martine Storti, Christine Bard… La belle
voix douce de Julia Kristeva pour dire une parole intime, familiale
et politique.
Une
femme m’a intriguée. Habillée comme un homme, avec grâce,
une coiffure blonde à la manière des « Signes de
piste »
court sur les côtés, une mèche rebelle à gauche ou à droite,
elle a beaucoup parlé à la table ronde où je me trouvais avec une
Iranienne et une Espagnole. On l’écoute. C’était Anne Garréta
avec qui j’ai déjeuné à la même table, par hasard, avec Cathy
Bernheim et son amie. Elle parle, on l’écoute. J’avais lu son
premier livre qui m’avait surprise. J’en avais parlé avec un
collègue, Michel Roguès, qui, je crois, la connaissait. C’était
il y a plus de vingt ans. J’ai croisé Anne Garréta à Paris,
quelques semaines plus tard (au moment où j’écris ce journal en
novembre 2016, c’était il y a une dizaine de jours), j’allais
au Select où elle devait se rendre aussi. Elle a
parlé avec
des amies. Je suis partie avant elle. Je parle un peu longuement de
Anne Garréta, parce que c’est la seule personne avec laquelle
j’aurais aimé parler en marchant dans le village où je me suis
promenée seule. Je dis cela, mais je préfère marcher seule comme
je préfère aller seule au cinéma ou dans un musée.
Comme Colette, je peux dire « J’appartiens à un pas que
j’ai quitté ». La maison de Sido pour elle, le pays de mon
père pour moi.
Donc,
je marche dans Saint-Sauveur. Je m’arrête au café de la
place à L’hôtel de la Puisaye. Rendez-vous des
habitans du village et de la région. La patronne sert elle-même, elle
connaît tous les clients. Soixante ans, maquillée, trop. Sur la
terrasse du café-tabac,
des femmes, des enfants attendent le père qui boit… Au comptoir,
un client a pris un petit blanc. Je lui demande comment on appelle
les habitants de Saint-Sauveur (question à
1 000 francs ou
question pour un champion…).
« Je
suis pas d’ici. J’habite à 10 kilomètres, à
Cévis (ne pas prononcer le « s »), y’a
300 habitants.
– C’est un hameau ?
– Ben non. C’est une commune, y’a une
mairie, une
église, une école.
– Vous êtes de la région ?
– Non, je viens de Paris.
– Votre famille est de la
région ?
– Non. Ils étaient tous de
l’Assistance. »
J’achète un Zig Zag bleu, avec le zouave qui me rappelle Le
manteau de spahi de Colette. Son père avait participé, je
crois, à la conquête de l’Algérie d’où il avait rapporté un
magnifique manteau de spahi rouge. Lors d’un nettoyage de
printemps, Sido a sorti de l’armoire un manteau mité. Le
« Capitaine » s’est enfermé dans son bureau avec le
manteau, longtemps. Il en est sorti avec un petit essuie-plumes.
La maison de Colette a été reconstituée à l’identique.
Papiers peints, meubles, rideaux, bibelots, livres… Ainsi que le
jardin de Sido. Les deux ifs me rappellent les ifs de Nohant où
repose George Sand, moins les glycines dans les branches tortueuses
des ifs.
Je descends vers la mairie et les écoles. Une librairie à
droite. Sur la vitrine :« L’homme
est une femme comme les
autres »
|
|
le
tract, Saint-Sauveur en Puisaye
carte de la librairie, Saint-Sauveur en Puisaye.
Une
belle mairie, pierre et brique. Les écoles au fond de la
cour. Sur le haut fronton de la mairie : PRO PATRIA.
« Place
Paultre des ormes » devant l’entrée, le monument aux morts.
Lettres d’or sur la stèle:
« 50e Anniversaire de la
libération des camps Les A.C.P.G. du Canton »
« Hommage aux combattants et victimes
de guerre ALGÉRIE MAROC TUNISIE1952
19 mars 1962 »
Mairie. Saint-Sauveur en Puisaye. 8 octobre
2016 (coll. part.).
Mairie-écoles. Saint-Sauveur en Puisaye.
8 octobre
2016 (coll. part.).
Mairie. Saint-Sauveur en Puisaye.
8 octobre
2016 (coll. part.).
Mairie. Saint-Sauveur en Puisaye.
8 octobre
2016 (coll. part.).
J’oubliais
de dire que j’ai découvert grâce à ces
rencontres, les « pavés Saint-Sauveur » aux raisins
secs
de la boulangerie Mauriette du village.
Je les ai dégustés sur le lieu même du
Festival qui a organisé
ces journées avec une grande attention.
J’oubliais aussi de parler du paysage entre
Joigny et
Saint-Sauveur. Champs moissonnés et labourés, couleur de la steppe
dans mon pays natal, les Hauts Plateaux algériens, collines sèches
surmontées de maisons blanches dans les arbres, comme les mausolées
des Saints musulmans, outre-mer.
11
– 12 octobre
Avec
Françoise Navarro, à Toulon, où elle organise des
rencontres avec moi un dialogue, à l’université dans le
département de Martine Sagaert qui a dirigé, avec Yvonne Knibiehler
un remarquable livre : Les mots des mères, du xive siècle
à nos jours, Bouquins (Robert Laffont, 2016) et à la
médiathèque Andrée Chedid de la Seyne-sur-Mer, où des femmes de
la cité avaient écrit des récits d’enfance dans des ateliers
d’écriture, certaines les ont lus, ils ont illustré des
photographies de Femmes d’Afrique du Nord que
Patrice Rötig,
l’éditeur Bleu autour avait envoyées pour la rencontre. « Un
échange énergique et chaleureux » m’a dit mon amie
d’Aix-en-Provence Françoise Lott qui collabore activement à
l’Association l’APA (Association Pour l’Autobiographie) dirigée
par Philippe Lejeune, et à une revue « La faute à
Rousseau ».
Françoise Navarro m’a demandé ce que je
souhaitais faire. J’ai
dit « Voir le carré musulman de Toulon. » Les
Algériens
sont nombreux dans la région PACA. Au cimetière,
le conservateur originaire du Maghreb nous dit
qu’il n’existe pas de carré musulman. « Prévu depuis des
années, il ne se fait pas. » Il n’y a pas d’imam pour
l’inhumation des musulmans et l’orientation de la tombe en
direction de La Mecque. Nous marchons dans le cimetière,
quelques tombes musulmanes qu’on reconnaît grâce à l’étoile
et au croissant gravés sur la stèle et au nom arabe. Sur l’une
des tombes, celle d’un enfant, sa photo dans un cœur, il porte une
cravate, il doit avoir cinq ans, un Coran en pierre ouvert, une
petite voiture au pied de la pierre tombale, deux jouets en
plastique, une girafe et un éléphant, sur les paumes de deux mains
en marbre, le nom et le prénom de l’enfant. Tout autour, des
fleurs artificielles (que les musulmans ne mettent pas sur les tombes
au Maghreb). Dans le cimetière de Toulon, un
grand carré militaire. On peut
lire « Aux victimes de la guerre qui ont lutté pour
l’indépendance de leur pays. » Un mausolée pour les morts
des colonies.
|
|
Cimetière
militaire Toulon avec Françoise
Navarro, octobre 2016 (coll. part.)
Le
conservateur nous dit qu’il y a peut-être un carré musulman
à Ollioules. Nous allons à Ollioules, une jolie petite ville du
Midi. Nous déjeunons au Café Le France sur la place.
Café Le
France. Ollioules, octobre 2016 avec
Françoise Navarro (coll. part.)
Machines à coudre, Toulon,
octobre 2016
(coll. part.)
Nous avons marché le long de la rade à la
recherche des maisons mauresques de Tamaris. Au bord de la route,
face à la mer, une grande maison couleur sienne, inhabitée
semble-t-il. Sur la colline les chemins privés mènent à d’autres
maisons mauresques. Michel Pacha voulait faire de la rade un
« petit
Bosphore ». Je lirai Michel Pacha publié
par
l’Harmattan.
Dans une maison de la presse, je découvre un
livre de George Sand
qui est venue se reposer à Tamaris : Le voyage dit
du midi,
février 1861-mai 1861 (éd. Livres en Seyne, 2012).
J’en
ai parlé à Michelle Perrot. Françoise Navarro me dit que Bruno
Cyrulnik possède une maison à Tamaris, au bord de la rade. Nous ne
l’avons pas croisé.
J’ai oublié de dire que j’ai lu en partie La
fille du
métro (éd. Al Manar-Alain Gorius) au théâtre Liberté
de Toulon, administré par les frères Berling.
J’ai oublié aussi de noter dans ce journal ce
qu’on pouvait
lire sur une caisse en bois du comptoir du Café de France
à
Ollioules :« Le fin d’ici
vaut mieux que
l’eau de là »
(pour une leçon de grammaire sur les adverbes de
lieu…)
Deux belles journées avec Françoise Navarro, une
compagne
attentive, curieuse, efficace.
|
avec Françoise
Navarro à Tamaris. La
villa mauresque, octobre 2016 (coll. part.)
20 octobre
Procès
au tribunal de Reims.
Une jeune femme a porté plainte après avoir été
battue
gravement par deux cousines musulmanes soutenues par la famille. La
jeune femme a une liaison avec un jeune Portugais catholique. Le père
menace sa fille de mort. Exclue de sa famille, elle a dû s’exiler
pour trouver du travail dans une autre ville.
Quel sera le verdict ? Les cousines
nient toute violence.
Fin octobre
Le roi du Maroc au secours d’un chanteur
violeur… Saad
Lamjarred, chanteur marocain à succès est accusé de viol aux USA
d’où il s’est enfui. Comment ? En France, concert annulé à
la suite d’un « viol aggravé ». Il est en détention
provisoire. Le roi du Maroc, Mohamed VI intervient en
personne,
je l’ai vu et entendu à la télévision, pour affirmer qu’il
prendra à sa charge les frais du procès du violeur chanteur… Un
chef d’État qui défend officiellement un violeur. On demandera à
Saad Lamjarred d’épouser sa victime ? Toutes les violences
faites aux femmes sont ainsi encouragées dans ce pays. Quelle a été
la réaction des femmes marocaines ? On n’en a rien su.
L’affaire a été étouffée : la COP 21 avait lieu à
Marrakech quelques jours après, pour défendre la Planète Terre
pendant que la victime du viol est abandonnée.
Les Anglais et les Irlandais pillent sur les
côtes françaises
les coquilles Saint-Jacques préservées par les pêcheurs français,
parce qu’ils n’ont plus à obéir (Brexit oblige) aux consignes
européennes. Ils congèlent les coquilles et les vendent moins cher
sur le marché français. Un scandale qu’on a à peine dénoncé.
vers la
suite précédente 45
vers la dernière
suite 47
retour à la page d'accueil
|
|