Leïla Sebbar romancière et nouvelliste

                                                                                    Journal d'une femme à sa fenêtre  

                                                                                                           suite 43
                                                                                                  (juin juillet 2016)

                                 
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Saint-Martin-des-Olmes. Juin 2016 (photo Patrice Rötig)


























































































































































































































































Les Chinois pillent les forêts de la Casamance. Les Marcheuses chinoises de Belleville à Paris. Les koubbas de Mustapha Chaïb. La rencontre littéraire de Jacqueline Zana-Victor. Avec Patrice Rötig rencontre littéraire dans le Forez à Job. Saint-Martin-des-Olmes. Trafic de tigreaux. « Marche citoyenne » à Mantes-la-Jolie. Les Chinois achètent des domaines du Bordelais. L’exposition L’art et l’enfant. Dans le parc, les nourrices d’outre-mer. Barbès, l’affiche contre le sida. L’homme qui chante en arabe. 14 juillet massacre à Nice. Le prêtre égorgé dans son église. Solidarité confessionnelle. « La Brigade des mères » de Nadia Remadna. Les photos de Nora Aceval.

Début juin

Avec la complicité des gouvernements africains en place, la Chine pille l’Afrique de l’Ouest. Le bois de vène, espèce protégée, convoitée par les Chinois, est transporté de nuit dans des charrettes guidées par des enfants, tirées par des ânes. La Casamance est ainsi déforestée pour l’industrie du meuble… À quoi servent les réunions permanentes des chefs d’État pour l’environnement ? La Chine n’est jamais sanctionnée et les mafias poursuivent en toute impunité leur destruction de la planète. Que font les écologistes ? Ils bavardent et ils gagnent des postes politiques confortables.

 Les Marcheuses de Belleville, 300 Chinoises qui viennent de la province Liaoning en Chine ont enfin une association « Les roses d’acier ». Résisteront-elles aux proxénètes chinois ? Je les vois aller et venir sur le boulevard entre les bancs verts de la Ville de Paris squattés par des Arabes (réfugiés du Moyen Orient, de Tunisie ? clandestins ?) pauvres et fatigués. Avec quel argent les passes dans des chambres de sous-sol louées par des négriers ?

 Mustapha Chaïb, le fils de Nora Aceval a pris ces photos de koubbas des Hauts Plateaux algériens pour moi. Il me racontera, quand je le verrai avec Nora, l’histoire de ces koubbas jumelles.

 


Koubbas à Tissemssilet, Algérie, 2016 (photo : Mustapha Chaïb)

Koubbas à Tissemssilet, Algérie, 2016 (photo : Mustapha Chaïb)

Koubbas « jumelles » entre Tiaret et Alger, 2016 (photo : Mustapha Chaïb)

Koubbas dans la région de Tiaret, Algérie, 2016 (photo : Mustapha Chaïb

6 juin

Je reviens de la rencontre au café littéraire L’âge d’or dans le 13e, organisée par Jacqueline Zana-Victor, avec Michèle Perret pour Les arbres ne nous oublient pas (éditions Chèvre Feuille étoilée, 2016) et Andrée Job-Querzola pour Bienvenue chez vous (L’attrape science, 2015) et Une enfance dans la guerre, Algérie 1954-1962 (éditions Bleu autour, 2016), un livre collectif. Pour chacune, un travail de mémoire particulier. Michèle Perret retourne avec Marie-Noël et Kouider, en éclaireurs, à Mercier-Lacombe – Sfisef dans la ferme Saint-Jean de son père, domaine transmis de père en fils dans l’ouest oranais. Après le grand départ, un jeune fermier algérien prend la succession de la ferme Perret. Michèle est rassurée, malgré l’état de délabrement du domaine. Seul le cimetière chrétien est encore beau et entretenu, un gardien est propriétaire de la clef. Et le sanctuaire de Sidi Ziane, protecteur de la ferme Saint-Jean, est toujours là. Michèle le reconnaît, c’est lui, embelli par son père « le plus joli marabout que j’aie jamais vu ». Je pense au père de Nora Aceval, colon sur les hauts plateaux. Comme le père de Michèle, il parlait l’arabe, comme lui il avait un marabout qu’il honorait, comme lui et le père d’Anne-Marie Langlois, il voulait rester en Algérie, le pays natal qu’un fermier, amoureux de sa terre ne quittera jamais. Deux d’entre ces pères sont morts de chagrin.

Michèle Perret parle de la ferme de son père avec une grande délicatesse, sans aucun ressentiment devant le désastre.

Andrée Job-Querzola qui ne voulait pas d’un pèlerinage de nostalgie, fait un pèlerinage avec des amis, le parcours de tous les pieds-noirs de retour au pays. À Sidi Bel Abbès qu’elle écrit SDB. C’est le cahier d’un retour au pays natal, avec les stations rituelles, le quartier, la maison familiale, l’école, le boulevard où « les jeunes filles de la colonie » faisaient le boulevard pour éblouir les légionnaires, les cafés au créponné et, bien sûr, le cimetière, comme Michèle et tous les pèlerins. Patrick Chemla raconte dans L’enfance des Français d’Algérie et dans Une enfance juive en Méditerranée musulmane (éditions Bleu autour) sa détresse devant le cimetière juif de Bône-Annaba, vandalisé. Et surtout, Andrée Job-Querzola est bouleversée par l’accueil des algériens « Reviens à Bel Abbes, tu viendras chez nous… bienvenue à vous dans votre pays… soyez les bienvenus chez vous… ».

Hospitalité joyeuse et sincère après huit années d’une guerre impitoyable qui habite la mémoire des descendants sur les deux rives.

Andrée Job-Querzola a collaboré au recueil sur l’enfance dans la guerre d’Algérie que Jacqueline Zana-Victor a aussi présenté. Une lecture attentive, des lectures d’extraits de textes inédits (quarante-quatre) d’auteurs nés en Algérie dans les années 1940-1950. Jacqueline a fait un choix judicieux, elle les a lus d’une belle voix. Le récit de Daniel Mesguich l’a frappée, en particulier l’épisode des enfants égorgés par la femme de ménage arabe (l’OAS l’a retrouvée et pendue nue dans la cour de l’immeuble de Daniel Mesguich). Je rappelle cet acte de violence insoutenable parce que j’ai reçu, il y a quelques semaines, un message d’Albert Bensoussan, écrivain et traducteur, un ami et collaborateur fidèle. Il venait de recevoir le message d’un homme de plus de 90 ans, qui lui demandait comment joindre Daniel, témoin de la scène ancienne de la guerre. Il appartient au consistoire de Cannes et il disait être le père de ces deux enfants assassinés. Daniel a reçu le message. Il a dû contacter le père qui veut entendre des témoins. Je demanderai à Daniel. Il écrira peut-être un récit de sa rencontre avec le père des petites victimes pour le site de Bleu autour qui puisse être lu le plus largement possible.
Devoir, travail de mémoire. Comme ce recueil.
Je n’oublie pas les photos, dans les trois livres, qui permettent une lecture iconographique rurale, citadine, humaine, de ces années 1950, et un aller-retour dans l’espace-temps.

12-13 juin

Avec Patrice Rötig, de Vichy à Job, pour des rencontres littéraires à Job « Bouquine Job ». Traversant le Forez, on s’arrête à Saint-Martin-des-Olmes pour une école-musée, « L’école 1900 ».

 


Saint-Martin-des-Olmes. Juin 2016 (photo Patrice Rötig)


Saint-Martin-des-Olmes. Juin 2016 (photo Patrice Rötig)

Saint-Martin-des-Olmes. Juin 2016 (photo Patrice Rötig)

Saint-Martin-des-Olmes. Juin 2016 (photo Patrice Rötig)

On parle du recueil de textes inédits (44) sur l’enfance pendant la guerre d’Algérie. Quelle réception ? On entend si souvent dire « Il faut tourner la page… ». Il y a déjà eu tant de silences sur cette guerre. Les historiens et les psychiatres savent combien les silences sont dommageables pour la santé mentale d’une société et des individus. Le déni est toujours toxique.

À Ambert, on s’arrête à la librairie « Tout un monde » de Catherine Gaudibert qui avait accueilli Patrice Rötig et Deniz Ünal pour parler de littérature turque. Elle organise Bouquine-Job avec Marie-Louise Ferrandis et Alain Mourlevat qui a écrit Meunier tu dors… Au moulin de la cour dans les années 50 (Job) (éditions de la Montmarie, 2006), une chronique passionnante, familiale, meunière, paysanne, scolaire… de la vie quotidienne à Job, avec des photographies des années 1950. Pourquoi j’aime les moulins ? Je ne sais pas. Je n’en ai jamais vu en Algérie dans mon enfance, il y en avait certainement, l’Algérie était un pays céréalier avant 1962.

Une belle journée d’échanges, parfois vifs, de débats, de lectures par Michèle Belligat que j’ai rencontrée à Billom (Puy-de-Dôme) en mars 2013, pour la manifestation « Autour d’Elles ». Michèle Belligat a lu des extraits des Lettres parisiennes et Je ne parle pas la langue de mon père avec beaucoup d’intelligence et de sensibilité.

Patrice s’amuse à prendre des photos à Ambert, sa mairie ronde à galerie arcadée, l’Amicale des Turcs, et à La Forie près d’Ambert, la stèle de Monseigneur

« Guillaume Douarre
Premier évêque
et
pionnier de la civilisation française
à la
nouvelle calédonie
1810-1853 »

 Fatiha Toumi (de la bibliothèque du 1er à Lyon) et des amis sont venus à Job pour « Bouquine-Job ». Une promenade dans le Forez. Je crois que je suis allée au cimetière sur une colline. Je vais chaque fois au cimetière des villes et des villages en France. Ce que je recherche ? Des noms étranges et des tombes étrangères des soldats de l’Armée d’Afrique, ou de musulmans dans des carrés musulmans, de plus en plus nombreux en France. À la brocante de Job, des cartes anciennes de Jeanne d’Arc et une carte de la statue du Duc d’Orléans, place du Gouvernement à Alger aujourd’hui remplacée par l’Émir Abd-el-Kader. Alain Amato, dans Monuments en exil a dû signaler le transfert du Duc d’Orléans en France. Je lui demanderai.

 


La Forie près d’Ambert. Juin 2016 (Photo Patrice Rötig)


La Forie près d’Ambert. Juin 2016 (Photo Patrice Rötig)

Ambert. Juin 2016 (Photo Patrice Rötig)

18 juin

Un très jeune tigre à Noisy-le-Sec, perdu, errant dans la rue. Des amis des animaux le récupèrent. La police soupçonne des dealers d’avoir monnayé des selfies avec le tigre pour 5 euros. Le tigre rejoindra ses congénères dans un refuge pour félins. On pense à cette occasion à un trafic de tigreaux sacrifiés dans un temple bouddhique en Thaïlande. L’esprit des tigres rend plus forts ceux qui sont possédés par l’esprit de l’animal… En Thaïlande, les moines sont rarement jugés pour leurs crimes !


Début juillet

Au musée Marmottan-Monnet dans le 16e arrondissement à Paris : L’art et l’enfant « Chefs-d’œuvre de la peinture française ». Peu d’enfants du peuple, pas de Vierge à l’Enfant. De Renoir : « L’enfant à l’oiseau », petite fille en costume algérien. Couleurs et grâce de l’orientalisme. En traversant le parc jusqu’au métro, c’est l’heure des enfants. Les nourrices sont africaines, malgaches ou philippines. Les enfants blonds, les yeux clairs. Jeunes femmes descendantes des colonies, aujourd’hui en France. Je parle d’elles dans L’habit vert, un recueil de nouvelles publié aux éditions Thierry Magnier, où je mets en scène « les petites bonnes », hommes et femmes des anciennes colonies, gens de service, partout en France.

2 juillet

À Barbès. C’est le ramadan. Foule masculine dans les rues et sur les boulevards, africaine et maghrébine. Les femmes préparent le dîner de rupture du jeûne.
Les bijoutiers juifs disparaissent, remplacés par des boutiques de téléphones portables, tablettes… Encore quelques magasins de tissus et vêtements, surtout islamiques. J’ai trouvé un Bleu de Chine « Shanghai » veste et pantalon comme celui que porte le chibani de l’usine Renault dans Mon cher fils (éditions Elyzad, poche) et je crois, la jeune fille de la grande poste à Alger, écrivain public (il faudrait vérifier).

Je prends les vignettes-promotion des Africains : marabouts – voyants – professeurs – guérisseurs – médiums – amoureulogues…

Sur plusieurs vignettes : « Rend la puissance sexuelle. Il (ou elle) courra derrière vous comme le chien derrière son maître. » « Résultats irréversibles 100 % en 3 jours après travaux. »

 


Barbès, juillet 2016

J’achète une tête d’agneau grillée dans une boucherie Hallal. Avec mon fils Ferdinand, il avait 10 ans, j’allais à Barbès pour une tête d’agneau grillée. On la mangeait avec délices le soir, tous les deux, D. et Sébastien n’en voulaient pas.

 Yves Bonnefoy est mort. C’est l’oublié du week-end dans les médias. Occulté par les grands morts Michel Rocard et Elie Wiesel… Yves Bonnefoy racontait qu’il écoutait avec bonheur ses père et mère (père ouvrier, mère institutrice) parler une langue étrangère, le patois. C’est ainsi que j’ai entendu l’arabe de mon père.

5 juillet

Au Café des Dames, en face du métro Colonel Fabien, un client au comptoir, une ambulance passe : « Elle transporte des prothèses mammaires, y avait écrit "Mes deux seins" (médecin)… » Les clients s’esclaffent. La caissière rit plus fort que les hommes.

Le métro – ligne 6 – station Corvisart, une publicité contre le sida. Une belle affiche couleur : une femme nue métisse, allongée en odalisque, le pubis peint en jaune, derrière elle, contre son dos et ses fesses, un homme peinturluré en bleu et vert… Il la sodomise ? Les publicitaires esthétisent la maladie mortelle. Elle devient séduisante.
Dans le wagon, j’entends un homme qui chante en arabe. Comme un chant sacré, profond. Je le vois, petit homme fragile, un enfant l’accompagne, il est aveugle. Il tient contre lui une cithare dont il joue. C’est beau. Si rare dans le métro. Il descend. Je serais restée pour lui, sa voix, sa langue, ses notes de musique orientale.

14 juillet

Nice. Promenade des Anglais, les Niçois disent : La prom’. Un camion 19 tonnes, poids lourd blanc, fou, fonce dans la foule du feu d’artifice. 84 morts, des blessés, des enfants assassinés. C’est un djihadiste tunisien vivant en France, né à Sousse en Tunisie, fiché comme délinquant. 2015/2016, les terroristes islamistes sont nés en France pour la plupart, en Belgique, Franco-Marocains, Franco-Algériens, Franco-Africains…

Comment comprendre les raisons de ces engagements jusqu’à la mort, au nom du martyre, au nom du Dieu de l’Islam, sur les injonctions de Daech, une tendance criminelle de l’islamisme radical, politique, conquérant, totalitaire ? Pourquoi tant de jeunes musulmans et convertis, nés en France, citoyens français, disposant des droits des citoyens français, vivant dans une république, une démocratie, un état de droit, contrairement aux pays d’origine des parents et grands-parents immigrés en France et en Europe, pourquoi ce choix mortifère, pour quel idéal ? Quel absolu ?

16 juillet

Daech revendique l’attentat de Nice.

J’ai pensé à mes père et mère. Vivants, ils se seraient assis sur la Promenade, face à la mer, dans leur ville d’adoption, ville de leur dernier exil. Peut-être, mon père voyait-il sa ville natale, Ténès, de l’autre côté de l’horizon ?
Dans le jardin du mail de Bièvre, des coquelicots et des bleuets. Il manque les marguerites pour un bouquet champêtre.
Une mère de famille marocaine, Fatima, est morte, fauchée par le camion blanc de la Promenade des Anglais. Musulmane intelligente, discrète comme Fatima des Algériennes au square, comme les femmes du peuple de mon père. Attentive, bienveillante, soucieuse de l’avenir de ses sept enfants, « exemplaire » disent-ils, garçons et filles.

26 juillet

Après le massacre à Nice le 14 juillet, date symbolique, après les attentats en Allemagne par des réfugiés afghans et syriens, attaque au cœur de la France « Fille aînée de l’Église », pendant les JMJ à Cracovie en Pologne, 2 millions de jeunes chrétiens se retrouvent en attendant le pape François.

Le syndrome Tibhirine en Algérie, les 7 moines décapités, têtes et corps séparés, on n’a jamais retrouvé les corps et les crânes sont la propriété de l’Algérie… L’enquête du juge Trévidic l’année dernière à Médéa n’a pas abouti.

À Saint-Étienne-du-Rouvray, près de Rouen, le prêtre Jacques Hamel qui dit la messe est égorgé dans son église par un jeune islamiste accompagné d’un complice. Une religieuse est blessée une autre religieuse donne l’alerte, la police intervient, les deux tueurs sont abattus.

Égorger un vieil homme dans la « Maison de Dieu » lors de l’office… comment peut-on mieux frapper la France chrétienne ? Après la persécution des chrétiens d’Orient, les chrétiens d’Occident. Et certains continuent de dire qu’il s’agit de psychopathes, que les djihadistes ne sont pas des musulmans, qu’ils n’agissent pas au nom de l’Islam. Il faut réfléchir à cette « maladie de l’Islam », suivant les mots d’Abdelwahab Meddeb, en lien avec l’Islam. Être dans le déni, pour rassurer les musulmans de France, ce n’est pas la solution. Poursuivre l’intervention militaire en Syrie contre Daech, ce n’est pas la solution. Les jeunes islamistes radicaux disent : « Vous nous tuez en Syrie, on vous tue chez vous », reprenant les mots de Daech. Les frappes américaines, russes, françaises avec le soutien de l’Angleterre, de l’Allemagne et de l’Europe sont inutiles. Daech recule, perd une partie du territoire conquis, mais elle garde plusieurs villes importantes, se déplace en Libye et bientôt dans le Maghreb. La guerre est politique, idéologique plus que militaire. Le gouvernement actuel peut-il le comprendre ? Il paraît sourd, muet, aveugle. Jusqu’à quand ?

Fin juillet

Une femme courageuse, Nadia Remadna, fondatrice de la « Brigade des mères », à Sevran, en Seine-Saint-Denis. Elle appelle les mères dont les enfants sont morts en Syrie, après avoir rejoint Daech, à se rassembler, à discuter avec d’autres mères de toutes confessions, des mères qui souffrent du silence de la solitude. Nadia Remadna demande aux autorités d’écouter les mères et d’interdire les écoles salafistes, foyers de propagande du djihadisme. Les responsables politiques, occupés à la préparation des prochaines élections, entendront-ils la requête de Nadia Remadna ?

Dans l’Allier, arrestation d’un jeune réfugié syrien, en lien avec Adel Kermiche, l’assassin du prêtre de Saint-Étienne-du-Rouvray, près de Rouen.
Je reçois les photos des Hauts Plateaux algériens, mon pays natal et celui de Nora Aceval. Nora m’envoie des tapis d’Aflou posés au soleil sur des murs en brique et la cérémonie rituelle du nourrisson enveloppé dans des linges blancs, de la tête aux pieds par la grand-mère maternelle qui a massé son petit corps, vigoureusement, me dit Nora, à l’huile d’olive et passé son nombril au khôl pour qu’il cicatrise bien. Le nouveau-né des Hauts Plateaux me rappelle l’enfant Jésus de la peinture médiévale, ainsi emmailloté, bandes croisées le long du corps endormi sur les genoux de la Vierge Marie. Nora me raconte son émotion lorsqu’elle a assisté à ces gestes ancestraux qui sacralisent la naissance d’un enfant, garçon ou fille, et permettent à la jeune mère de se reposer et de recevoir les offrandes des amies et de la famille, parée comme une mariée dans le salon.

 



à Tagdemt près de Tiaret. Tapis d’Aflou au soleil. Mai 2016 (photo : Nora Aceval)

à Tagdemt près de Tiaret. Tapis d’Aflou au soleil. Mai 2016 (photo : Nora Aceval)

Tiaret. Nora Aceval avec les conteuses Haja Kheïra, sa sœur Haja Khadidja et son petit-fils. Mai 2016 (photo : collection particulière)

Mellakou près de Tiaret. Le nourrisson dans ses langes. Mai 2016 (photo : Nora Aceval)

 

29 – 30 – 31 juillet

Cérémonies religieuses communes, chrétiens musulmans juifs dans les églises et les mosquées en France. Marches fraternelles, solidaires, après l’assassinat du père Jacques Hamel. Sur la Mosquée de Saint-Étienne-du-Rouvray, une pancarte « Mosquée en deuil ».

Un deuil aurait dû être décrété par Hollande comme après l’attentat de Nice. Un prêtre est un citoyen de la République, comme les victimes de Nice. Les églises auraient dû sonner le glas dans toute la France.

Le CFCM (Conseil français du culte musulman) appelle les fidèles à se rendre, demain, dimanche, à la messe pour exprimer « solidarité et compassion ». L’évêque auxiliaire de Paris, Denis Jachiet, a adressé un message aux 112 paroisses de Paris pour que chacune organise « un accueil fraternel à l’entrée des églises ». Le CFCM sera présent à Notre-Dame de Paris et à l’église Saint-Paul (4e) à Paris, la deuxième lecture de la messe sera prononcée en arabe.



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