Juillet-août 2015
Les
paysans français manifestent. Les oliviers en danger. La
pornographie banalisée. L’enfant palestinien brûlé vif. Deux jeunes
Palestiniens tués au cours d’une manifestation. Retour de la famille de
Roms
sous le viaduc (Paris 13e). Les caprices du roi
d’Arabie saoudite.
Ruse des femmes tchétchènes. Irina Ionesco, mère proxénète.
Paris-Tel-Aviv
Plages. Tortures en Égypte. Cerisy-la-Salle, le domaine de Édith
Heurgon, un
miracle. Palmyre, la décapitation de l’ancien directeur des Antiquités,
Khaled
Assaad.
Juillet 2015
Début
juillet
On
n’aime pas les métisses, surtout ceux dont l’histoire familiale est
liée à l’histoire coloniale. On les appelle :
« 50/50, 50 %
mouton, 50 % cochon » (pour les
Franco-Maghrébins) ; « tête
de poulet, cul de canard » pour les Eurasiens. Avec la
mondialisation,
présentée par les médias comme le miracle du siècle, tout cela
disparaîtra,
s’uniformisera, comme les objets, les vêtements, la cuisine, la
culture, les
monuments, les tours. Tout se ressemble, c’est ennuyeux, on éradique
les
différences, jusqu’à la différence sexuelle, primordiale, irréductible.
Les
agriculteurs manifestent. Partout en France, des « Jacquou le
croquant » comme en Dordogne, dans les pays de ma mère il y a
plus d’un
demi-siècle. Déterminés, jeunes pour la plupart, endettés, désespérés.
Éleveurs
et producteurs de lait, ils travaillent à perte, ruinés par la
concurrence
déloyale (Allemagne, pays de l’Est, des fermes immenses de porcs,
installées en
Roumanie par des firmes américaines ; Espagne…) encouragée par
l’Europe
financière, libérale, capitaliste barbare… On voulait une Europe
sociale…
Suicides
fréquents d’agriculteurs. Vente des fermes. La France brade
son agriculture, ses terres, ses produits, ses hommes. Durant les
manifestations j’ai entendu souvent le mot « paysan »
disparu au
profit d’« exploitant agricole » ou
« agriculteur », comme
le mot si beau « Instituteur » est remplacé (grâce à
Monsieur Lionel
Jospin) par un prétentieux « Professeur des écoles ».
La
nouvelle réforme des collèges, imposée à des professeurs qui n’en
veulent pas, dit bien l’incurie d’un gouvernement qui ne sait pas
gouverner.
Chaque jour, des preuves de cette incapacité.
Et
si les oliviers disparaissaient et tous les arbres et les vignes et
les forêts… apocalypse verte, une bactérie tueuse qu’on ne réussit pas
à
neutraliser a touché les oliviers d’Italie, de Corse, bientôt la
Provence… Et
l’olivier de Lucien Igor Suleïman, planté par lui à la Gonterie en
Dordogne, sera-t-il
épargné ?
Les
catastrophes végétales, animales, humaines s’additionnent… On les
filme, la télévision s’en repaît, les écologistes ne font rien, ils
veulent des
places au gouvernement et dans les instances de pouvoir.
Mi-juillet
Impression
de temps de guerre où les jeunes gens se font tuer au front,
tandis que les planqués s’amusent, font la fête de manière obscène.
Les
Beyoncé, Rihanna, Nicki Minaj, Kim Kardashian, manipulées avec
délices par les manitous de la communication, de l’image pornographique
présentée comme libératoire pour touts les femmes
« modernes » et
« artistes ». Une supercherie qui rapporte de l’or et
la célébrité
mondiale. L’industrie du spectacle reprend à son compte le mot d’ordre
du MLF
« Notre corps nous appartient ». Les vedettes jeunes,
belles,
libérées font ce qu’elles veulent de leur corps, on peut les prendre
pour
modèles, tel est le message de ces industriels du sexe. La pornographie
libère
les femmes… et les hommes… Bientôt les enfants. La pornographie serait
transgressive.
Ce serait l’avant-garde de la culture, aujourd’hui. Et qui n’adhère pas
à cette
idée est arriéré, ringard, conservateur, antirévolutionnaire… Une
nouvelle
identité serait née, pornographique, exhibitionniste… soumise en fait
aux
diktats des pornographes rapaces auxquels font allégeance des femmes
aliénées,
à peine un petit pois dans la tête.
Ces
vedettes de la nouvelle pornographie s’amusent, gagnent de
l’argent, le monde entier les admire.
Pourquoi
vouloir que l’intelligence, l’esprit, la pensée gagnent ?
31 juillet
Près
de Naplouse, à Douma, village de Cisjordanie, un enfant
palestinien est brûlé vif dans la maison familiale. Son frère de 4 ans,
sa mère
et son père sont gravement brûlés. Un colon juif fanatique a lancé une
bombe
incendiaire contre la maison. Destruction de maisons et de mosquées,
graffitis
racistes, champs brûlés, réserves d’eau empoisonnées… On ne compte plus
les
attentats contre la vie des Palestiniens occupés. Netanyaou a parlé de
crime
terroriste. C’est d’autant plus remarquable que, selon l’ONG
israélienne Yesh
Din, 85 % des plaintes de Palestiniens à propos de colons sont
classées
sans suite par la justice israélienne. Cela n’empêche pas la poursuite
de la
colonisation qui ruine les pourparlers de paix et l’idée partagée par
des
Israéliens et des Palestiniens de deux États.
À
la suite de ce meurtre, manifestations palestiniennes. Deux jeunes
Palestiniens tués par des soldats israéliens à Gaza et près de Ramallah…
Des
femmes israéliennes et palestiniennes organisent 50 jours de
jeûne pour la paix. Elles se sont installées en face de la résidence de
Netanyaou. Jusqu’à quand l’impunité de l’État israélien ?
Août 2015
Début
août
Retour
des Roms sous le viaduc.
Le
père et la fille aînée Tatsiana aux yeux couleur d’anis, environ dix
ans, ne mendient pas près de la boulangerie des Chinois
« L’atelier des
saveurs ». Elle est fermée en août. Jean, le vieux Jean, plié
en deux sur
ses baguettes, part en Normandie. La famille chinoise, je ne sais pas.
La mère
et la petite sœur de Tatsiana se sont installées au seuil d’une autre
boulangerie du quartier.
Quant
au roi d’Arabie saoudite, au bout de 8 jours il quitte sa
villa, la plage et les 300 mètres de mer réquisitionnés, pour
le Maroc. Il
pense qu’il peut tout acheter. On démonte la structure construite pour
l’ascenseur qui ne montera pas jusqu’à la villa et l’espace bétonné
sera rendu
à la mer et aux habitants. Les commerçants sont mécontents. La suite de
1 000 personnes les abandonne à leurs plaintes.
En
outre, ce roi qui s’est fait soigner en France dans les hôpitaux de
Paris en squattant je ne sais combien de chambres pour ses employés,
n’a pas
payé la note de 3,7 millions d’euros. Les contribuables
français la
paieront ?
Parce
qu’il a promis l’achat de Rafales, des avions militaires qui
compléteront
ses collections, il pense pouvoir vivre dans la plus totale impunité.
Pendant
que le roi se repose au Maroc, 17 policiers sont
assassinés près d’une mosquée, en Arabie saoudite.
Daech
piégé par trois femmes tchétchènes… Elles contactent l’E.I. pour
rejoindre sa base et épouser des combattants, mais elles n’ont pas
d’argent.
L’E.I. envoie 2 800 euros. Le compte a été ouvert
sous un faux nom,
fermé aussitôt l’argent reçu. Elles ont été interpellées par la police
russe.
Mais l’E.I. doit porter plainte. Un bel exemple des ruses des femmes
que
raconte la conteuse des Hauts Plateaux maghrébins, Nora Aceval (éd.
Alain
Gorius-Al Manar).
Dans
le journal Le Monde, le récit d’une affaire de
famille.
Irina Ionesco, photographe qui n’a cessé de porter atteinte à la vie
privée de
sa fille Eva, de 4 à 12 ans, accuse Simon Liberati d’atteinte
à la vie
privée dans son dernier roman Eva (éd. Stock) du
nom de sa femme, fille
de Irina.
Fille-objet,
propriété de la mère, corps confisqué pour des milliers de
photos et deux films pédopornographiques (Eva avait 11 et
12 ans).
L’exemple
même de la mère-maquerelle qui donne ou vend le jeune corps
de sa fille.
Irina
Ionesco sera déchue de ses droits parentaux. On voit souvent de
ces mères qui manipulent le corps de leur fille pour séduire. Habillées
comme
des petites Miss, petites femmes-putes, exhibées sur les podiums dès le
plus
jeune âge, poupées mécaniques en action commandée. Un jour, je pense,
elles
tueront leur mère proxénète, réellement, pour être libres. Légitime
défense.
Jeudi
13 août
Polémique
autour de Tel-Aviv sur Seine à Paris-Plages. Un Paris-Plages
renouvelé chaque année, miteux, gris, triste. Faux sable, faux palmier,
fausse
plage, tout est faux et minable pour « les pauvres qui ne
partent pas en
vacances »… La Mairie de Paris invente Tel-Aviv Plages à
Paris. Comme si
le choix de la ville israélienne pouvait être neutre. Colonisation
(l’une des
dernières avec la chine au Tibet), occupation militaire, confiscation
arbitraire des terres palestiniennes pour que la Palestine disparaisse.
Colonisation intensive de Jérusalem pour que la ville ne soit pas la
capitale
d’un État palestinien… Si Tel-Aviv n’est pas le symbole d’Israël et de
sa
politique prédatrice… Il faut être faible d’esprit pour croire que la
politique
est exclue de cette opération « festive ». On a déjà
oublié
l’agression de la famille de Douma en Cisjordanie, l’enfant brûlé vif
et la
mort du père de la suite de ses brûlures. La fête a la mémoire qui
flanche,
gravement. Les Palestiniens ont organisé Gaza-Paris-Plage, à Paris…
Et
voici que l’Égypte autoritaire et militaire oublie, elle aussi, la
révolte de son peuple contre le tyran. La police égyptienne torture.
Les
violences policières n’ont pas cessé depuis la prise de pouvoir du
président Al
Sissi en 2013. Et le cycle infernal de la dictature se poursuit.
Jusqu’à la
prochaine révolte ? Et la France socialiste vend des avions
Rafale à
l’Égypte et à l’Arabie saoudite… Pour des guerres contre le peuple,
contre des
civils.
Combien
de temps faudra-t-il à l’Orient musulman pour accéder à l’État
de droit ?
Rappelons que le chaos actuel a été
provoqué par
les États-Unis et l’Europe, intervenant sans discernement en
Afghanistan (c’est
l’Arabie saoudite et des Saoudiens qui sont responsables de l’attentat
des tours
jumelles à New York en 2001 et non l’Afghanistan, malgré la présence de
Talibans sur son sol), en Irak (sur un mensonge grossier, pour anéantir
le
pays, aujourd’hui exsangue et la proie de Daech), en Libye (d’où
proviennent
les armes, les réfugiés victimes de l’anarchie et des milices, où Daech
affirme
sa présence en décapitant des chrétiens), au Mali et en Centre-Afrique
contre
le terrorisme islamiste, mais la France socialiste ne comprend pas
encore que
les groupes actifs se reconstituent en permanence et attaquent où ils
veulent,
quand ils veulent… Et aujourd’hui en Europe, en France en particulier,
la cible
préférée de Daech en Europe. Une politique extérieure lamentable.
17 au
18 août
Deux
jours à Cerisy-la-Salle, au « château », où se
déroule
un colloque sur la nouvelle, le « récit court »,
auquel Sabrinelle
Bédrane de la Sorbonne Nouvelle, m’a invitée. Le domaine de Édith
Heurgon est
une exception culturelle et écologique. (elle me raconte que Kateb
Yacine a été
hébergé à Cerisy pendant la guerre d’Algérie.) On se dit devant un tel
miracle
que le livre peut exister dans toute sa gloire et qu’il n’est pas
seulement un
objet de consommation fabriqué sur mesure, formaté pour le carré-livres
des
grandes surfaces, des gares et des plages.
Daech
a décapité l’ancien directeur du site archéologique de Palmyre.
Torturé, il n’a pas révélé la cache où il a mis à l’abri des prédateurs
de
l’E.I. les objets précieux du site. Le corps supplicié de Khaled
Assaad, 82
ans, a été accroché à une colonne antique sur l’une des places de
Palmyre. Un
acte qui rappelle la décapitation d’un chef d’entreprise en France, sa
tête
accrochée au grillage de l’usine par un jeune djihadiste.
Ces
jeunes assassins jouissent de leur geste pour une « cause
juste » qui fera d’eux bientôt des martyres, des héros
célèbres sur la
toile, la nouvelle fait le tour du monde à la « vitesse de la
lumière ». Ils sortent ainsi de l’ombre et de l’anonymat pour
le Paradis
de tous les plaisirs. Croient-ils cela ?
Je
reviens du café-brasserie Le Rostand, face au
jardin du
Luxembourg, où Xavière Gauthier me parle de son projet de recherche. On
discute
comme on le faisait à Sorcières, la même liberté,
la même complicité.
Je
m’arrête au cimetière Montparnasse pour la tombe de Beauvoir-Sartre.
La pierre tombale a été balayée, plus de tickets de métro. Une rose
blanche
fanée et des tickets de visites culturelles : Napoléon aux
Invalides, la
Sainte Chapelle, la couronne de la duchesse d’Angoulême au Louvre… Cela
suffira-t-il à les divertir ?
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