Leïla Sebbar romancière et nouvelliste

          Journal d'une femme à sa fenêtre  

SUITE 71

 (Mars, avril, mai, juin 2020)



photos prises à la Butte-aux-Cailles de mars à mai 2020
le couple mythique de À bout de souffle, le film de J.-L. Godard.

Pandémie mondiale. Coronavirus. Confinement.
Séquestrée involontaire.
Traversée du désert.
Pour les nourritures terrestres, je marche chaque matin, le tour de la Butte-aux-Cailles, dans mon quartier, à Paris. Je prends des photos.
Slogans féministes contre les féminicides, collés en bandes sur les murs de la Butte. Illisibles, lorsqu’ils ne sont pas déchirés.
Cafés fermés. Rue de la Butte-aux-Cailles, rue des Cinq-Diamants. Boutiques fermées sauf les boulangeries et le Tabac, Loto, journaux.

Fresques, pochoirs, tags.
Je reviens chez moi.

Dans ma chambre. J’écris.
J’écris Lettre à mon père. Patrice Rötig des éditions Bleu autour m’appelle, un matin, de Saint-Pourçain-sur-Sioule, dans l’Allier, où il a fondé sa maison d’édition. Il vit entre Paris et Saint-Pourçain.

« Vous devriez écrire une lettre à votre père.
– Je n’y ai jamais pensé. Je réfléchis. »
J’ai réfléchi, j’ai relu : Je ne parle pas la langue de mon père. Je pense à ce que je n’ai pas dit, aux archives familiales que j’ai rapportées de Nice et que je n’ai pas encore lues, en particulier les lettres de prison de mon père (Orléansville 1957), les lettres de ma mère (Blida 1957) à mon père. J’ignore si j’en parlerai.
Je réfléchis.
Je regarde une photographie qui me bouleverse. À gauche, sur ma table. Des femmes algériennes au cimetière, haïk blanc, accroupies autour d’une tombe musulmane.
Un grand cimetière. Une sorte de maquis, des tombes blanches. Et ces femmes.
Alors, j’écris.

Chaque jour au retour de ma promenade. Rien n’existe, que mon père et moi, dans un pays outre-monde et nous parlons.
Je ne peux en dire plus. Le livre sera publié au printemps 2021, avant le colloque de Cerisy dont je suis l’invitée, du 7 au 13 juin 2021. Le livre de Manon Paillot sur Isabelle Eberhardt dans mes nouvelles sera publié pour Cerisy où elle interviendra… Si le Covid-19 nous prête vie… Si le vaccin ralentit la pandémie… Si le colloque n’est pas reporté… C’est la vie au jour le jour, à l’heure l’heure.

En attendant, voici les photos prises à la Butte-aux-Cailles de mars à mai 2020.


1. Et d’abord, le couple mythique de À bout de souffle, le film de J.-L. Godard.





Butte-aux-Cailles (avril 2020).
Butte-aux-Cailles, pochoir J. Seberg (mars, avril 2020).

À bout de souffle, pochoir métro Raspail (janvier 2020).


2. Puis la silhouette d’Arthur Rimbaud sur une fresque, un paquet de Camel sur une table.





Butte-aux-Cailles, rue Alphant (avril 2020)
Butte-aux-Cailles, fresque rue Alphant (avril 2020)



Butte-aux-Cailles, fresque (Rimbaud) rue Alphant (avril 2020).


3. Les cafés fermés pour cause de Covid.







Rue de la Butte-aux-Cailles (avril 2020).
Rue de la Butte-aux-Cailles, cafés fermés – Covid-19 (mars, avril 2020).
Rue de la Butte-aux-Cailles – Covid-19 (mars, avril 2020).
Rue de la Butte-aux-Cailles – Covid-19 (mars, avril 2020).
Rue des Cinq-Diamants, Butte-aux-Cailles (avril 2020).
Rue de la Butte-aux-Cailles (avril 2020).


4. Et des slogans féministes contre les féminicides





Rue de la Butte-aux-Cailles – Sur les murs (mars, avril 2020).
Rue de la Butte-aux-Cailles – Sur les murs (mars, avril 2020).
Butte-aux-Cailles, rue Corvisart 13e, lycée Rodin (mars, avril 2020).
Au pied de la Butte-aux-Cailles – Covid-19 (mars 2020).


Le ciel est bleu désert et c’est le désert.


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