Tract Salmiya. Pacifique.
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Algeria Felix
En ce mois de printemps
2019, c’est de l’Algérie que je veux parler.
Le printemps, saison de
la Renaissance, de la Jeunesse, de la Liberté. Première saison de
l’Algeria Felix, l’Algérie heureuse depuis le jour de
l’Indépendance, la liesse d’un peuple libre.
Nora Aceval, à Alger
en ces jours, me disait qu’elle s’était sentie aussi euphorique
que les jours de juillet 1962, dans son pays natal.
Et aujourd’hui, la
rue qui n’appartenait qu’aux hittistes, les teneurs de murs
désœuvrés, aujourd’hui la rue appartient chaque jour, chaque
heure aux héros et aux héroïnes du peuple algérien. Djamila
Bouhired est là. Hommes, Femmes, Enfants, Vieilles et Vieux. Garçons
et Filles, drapeau rouge blanc vert en turban, voile enveloppant e
corps, foulard de fête… Tous et toutes marchent dans les villes du
pays de Tlemcen à Constantine, d’Oran à Aflou, ma ville natale,
d’Alger à Tamanrasset, Bou Saada et El Oued… Partout, on
pourrait citer les noms des villes et villages de l’Algérie…
Peut-être Port-Say de mon enfance, à la frontière marocaine, on me
dit que des barbelés séparent les deux pays, bientôt la barrière
de métal piquant disparaîtra… Avec la nouvelle Algérie ? Je
le crois.
Je crois au bonheur à
venir, après l’asphyxie, la résignation, le désespoir qui ont
tué tant de harraga dans les flots de notre Méditerranée.
Une génération se
lève.
Jeune, belle, rebelle
Intelligente
Vigilante
Savante.
Les natifs et natives
numériques savent lire, regarder, réfléchir.
Ils ne se laisseront
pas manipuler, anesthésier, robotiser.
La victoire leur
appartient.
Le pays natal leur
appartient.
Personne, ni FLN, ni
Armée, ni Islamisme, ni Maffia, personne ne volera le butin gagné
par la révolte pacifique, la sagesse politique, la conduite
exemplaire de la rue vivante, qui parle, crie, chante et danse.
Karima Berger m’envoie
des slogans qui me touchent :
« Pour la 1re
fois j’ai pas envie de quitter mon Algérie. »
« Laissez-nous
aimer l’Algérie. »
Ces mots disent la
souffrance de ces années où les Algériens n’ont pas vécu leur
vie, comme s’ils étaient déjà morts.
C’est sur la place
Andin, non loin de la Grande Poste, que les manifestants se
retrouvent. Mohamed Kacimi écrit que sur une large banderole, il lit
« Ici, c’est le Peuple. » On a aussi entendu « Un
seul héros le Peuple », écho de la guerre de Libération
lorsqu’elle n’était pas encore confisquée par l’oligarchie.
Mohamed m’envoie des photos de jeunes filles souriantes et
déterminées.
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Photos de Mohamed Kacimi à Alger, mars 2019.
Le Chibani de la Grande
Poste dicte des lettres à son fils, Amel la jeune écrivaine
publique les écrit sur du papier à rayures, le père aurait été
heureux d’assister à cette explosion de joie et de courage (Mon
cher fils, roman, éd. Elyzad). La Grande Poste n’est plus une
poste, m’a-t-on dit. Amel ne fera plus l’écrivaine publique.
Mon père n’aurait
pas quitté l’écran de la télé, il aurait regardé Facebook et
les journaux algériens. Il m’aurait téléphoné depuis Nice, il
m’aurait dit : « Tu sais, ma fille, tous ces jeunes, je
les admire, ils n’ont pas peur, ils vont gagner, je suis sûr, ils
sont forts, intelligents… C’est mon peuple. Je le reconnais.
Écoute ce que je te dis, ils gagneront. Je ne le saurai pas, mais je
le saurai… Tu me crois ? » « Oui, Papa, je te
crois. Je te dirai. Je n’oublierai pas. » « Ces jeunes
sauvent l’honneur de mon pays. Tu m’entends ? » « Oui,
Papa, je t’entends. Et c’est toi qui as raison… » Mon
père rit de son beau rire arabe. « À bientôt ma fille.
Embrasse tes enfants. » « À bientôt Papa. »
Mohamed m’a envoyé
deux photos, prises, je pense, sur Internet. Deux enfants tout
petits. L’un tient un panneau « L’Algérie, c’est
nous ! » L’autre touche le bouclier des policiers
casqués. Ils se penchent vers lui. Ils sourient. Et si le peuple de
mon père fraternisait avec la police ? Quel geste !
En cette fin du mois de
mars, Bouteflika est abandonné à sa mort prochaine par ses
oligarques repus.
Que les manifestants
gagnent ou qu’ils ne gagnent pas, ils ont déjà gagné.
Je l’écris, je le
crois.
Nora Aceval m’envoie
une lettre. Elle me raconte ses journées parmi les manifestants à
Alger avec son mari. La voici.
« Chère Leïla,
Cette fois, je suis
revenue d’Algérie le cœur gonflé de tendresse et d’admiration
pour sa jeunesse. Pour ma part, côtoyant principalement l’univers
rural durant mes collectages de contes sur le terrain, je savais ces
dernières générations dotées d’un esprit critique humoristique
et extrêmement caustique. Mais j’étais loin d’imaginer qu’ils
se lèveraient tous en même temps comme s’ils étaient “un
seul”.
Pour la première fois
depuis tant d’années un espoir est né en Algérie, depuis si
longtemps plombée par ses gouvernants et la corruption qui l’a
gangrenée jusqu’à atteindre les administrations locales des
villages les plus reculés. Début février, alors que je m’éreintais
pour obtenir un acte de décès dans une mairie des Hauts-Plateaux,
un jeune me dit : « Madame ne cherchez pas à comprendre,
ici, en donnant un bakchich, une personne peut venir sur ses deux
pieds retirer son propre acte de décès ! ». Cet humour
des Algériens dont les blagues fusent, montre qu’ils ne sont pas
dupes et qu’ils sont dotés d’un esprit critique aiguisé.
J’aimerais te
raconter ma rencontre avec un autre jeune de Tiaret, chauffeur de
taxi. Bien avant la première manifestation. Le vendredi 15 février,
au petit matin, il me conduisait à Alger. Notre voyage devait durer
5 heures. Le jeune chauffeur n’a que 27 ans. Il parle le
français. J’étais seule avec lui. Une belle occasion pour
échanger tout au long du trajet. Il me répétait avec fermeté que
la jeunesse ne voulait pas de ce cinquième mandat du président
Bouteflika. Il n’était pas le premier jeune que j’entendais
exprimer sa détermination de ne plus continuer à courber l’échine.
Il m’expliquait que depuis vingt ans, il n’avait connu que ce
président et cette vie triste et sans issue pour la jeunesse du
pays. Il m’a raconté par le menu son calvaire pour obtenir sa
licence de taxi. Et pour résumer l’état d’esprit dans lequel
les jeunes se trouvaient, il m’a narré un petit conte, à
l’ancienne, comme un adage populaire pour illustrer le propos. Je
n’ai pu m’empêcher de l’écrire. Le voici.
Le coq chantant
Il était une fois
un coq qui chantait le lever du jour mieux que tous les autres coqs.
Un matin son maître le menaça :
– Cesse de
chanter sinon je te coupe la tête ! Tu me déranges.
En dépit de sa
nature, le coq cessa de chanter. Quelques jours après, le maître
revint le trouver :
– Pourquoi
marches-tu à l’écart ? Désormais tu marcheras au milieu des
poules, sinon je te coupe la tête.
En dépit de sa
nature, le coq se soumit une nouvelle fois.
Mais voilà qu’au
bout de quelques jours, il vit son maître se diriger vers lui,
couteau à la main. “Que me veut-il encore ?” se demanda le
coq.
Le maître lui
intima cette fois-ci de pondre un œuf !
Et le coq de se
lamenter : “J’aurais dû mourir en chantant !”
FIN
Ainsi le 22 février,
jour de la première manifestation, j’étais à Alger. Je regardais
par la fenêtre d’un balcon qui donne sur une partie du boulevard
Colonel Bougara, dans le quartier d’El Biar. Des jeunes fuyaient la
fumée des bombes lacrymogènes. De nombreux policiers avec masques
et matraques les poursuivaient presque nonchalamment. La police
protégeait cet accès qui mène à El Mouradia, le Palais
présidentiel. Se mêlait au bruit des explosions de bombes
lacrymogènes et aux slogans scandés par les manifestants, celui
d’un hélicoptère qui tournoyait et se mobilisait par moments dans
le ciel d’Alger. Cet engin diffusait une sorte de menace tel un
oiseau de proie. Le son assourdissant de ses rotors m’angoissait.
Sans doute réminiscence d’un lointain passé, celui de la guerre
d’Algérie.
Mohamed empêché par
son état de santé du moment était furieux de ne pas être parmi
les manifestants. Puis il me dit tout de go : “Souviens-toi
bien de cette date ! Il ne s’agit pas d’une manifestation
mais d’une Révolution !” Je me souviendrai de cette
date du 22 février 2019 car au milieu de cette excitation
j’ai réussi à appeler en France ma petite-fille dont c’était
le 4e anniversaire.
La crainte que le choix
du vendredi pour manifester pût permettre aux islamistes de
récupérer le mouvement a vite disparu car les jeunes avaient
commencé la manif bien avant l’heure de la prière. Aucun slogan
religieux n’a été prononcé.
Le dimanche 24 février,
une autre manifestation a eu lieu, celle initiée par Madame Assoul
Zoubida, juriste et démocrate, porte-parole d’un regroupement de
personnalités et de partis politiques d’opposition Mouwatana
(Citoyenneté). Nous avons appris qu’elle avait été arrêtée et
conduite dans un commissariat de police où sa détention a duré
5 heures. La raison invoquée ? Il s’agissait de la
protéger !
Le 26 février, ce
sont les étudiants qui ont manifesté. Notre neveu nous a envoyé
des photos de la Fac de médecine de Sidi Bel Abbes. Mohamed est fier
de lui, “Les chiens ne font pas des chats !”. Le 28 février,
les avocats de Tizi Ouzou ont été les premiers à manifester avec
leurs tenues du barreau. Le symbole de la robe noire est important.
Ceux d’Alger et d’ailleurs suivront le 7 mars. Le vendredi 1er mars,
le soleil brillait, Mohamed et moi avions décidé de manifester.
Pour parer aux méfaits des gaz lacrymogènes, j’ai préparé une
bouteille avec un mélange d’eau vinaigrée, des masques médicaux
et des serviettes. J’ai sorti notre drapeau algérien. Chaque
famille en Algérie possède le drapeau national.
Sur le chemin, partout
des policiers, mais également des jeunes en jean qui descendaient,
comme nous, vers la place Audin et la Grande Poste. Zoubida Assoul,
elle, manifestait sur la place du premier mai. Je parle de Zoubida
Assoul car elle est brillante, tolérante, intègre et polyglotte.
“Le français est notre butin de guerre !” écrivait Kateb
Yacine. Et elle ne porte pas de foulard, ce qui n’est pas pour me
déplaire Je reviens à notre
trajet en direction de la place Audin en ce 1er mars.
Dans les rues d’Alger,
des jeunes en baskets, drapeaux à la main et des hommes en
claquettes tapis de prière sur l’épaule se croisaient. Les uns se
dirigeaient vers les lieux de manif, les autres vers les mosquées.
Ils se retrouveront tous sur les lieux de protestations après
l’heure de la prière du vendredi. Aucune hostilité ni d’un
côté, ni de l’autre. Bien au contraire, amicales salutations et
sourires fraternels s’échangeaient.
Sur le chemin, les
sexagénaires que nous sommes, en tennis, avec casquette et drapeau,
faisaient sourire les nombreux jeunes qui nous saluaient en signe de
ralliement.
Enfin la place Audin !
il n’était que 13 heures et pourtant la place était noire de
monde. Des centaines de manifestants encadrés par la police étaient
déjà là en train de crier : “Salmiya ! Salmiya !
Pacifique ! Pacifique !”
Un homme distribuait
des feuilles A4 blanches avec le mot Salmiya écrit en arabe. Je
t’envoie une copie, je garde l’original pour l’encadrer.
Mohamed et moi avons pris ce tract que nous avons brandi comme
slogan.
Le premier rang de la
manifestation était composé de jeunes à genoux, répétant le mot
Salmiya, face au rang des policiers qui leur barrait le passage.
Beaucoup tenaient une rose. C’était émouvant. Ensuite, une
partie des manifestants a bifurqué vers la Grande Poste. Puis
soudain, des centaines d’autres jeunes, drapeaux à la main et
slogans à la bouche, ont surgi du boulevard qui se trouve derrière
la Grande Poste et dont j’ignore le nom. Le nombre de manifestants
a soudainement gonflé. Ceux qui étaient allés à la mosquée
s’étaient joints aux autres. Une marée humaine venait d’envahir
Alger en quelques dizaines de minutes à peine. Par téléphone
malgré les réseaux brouillés nous avons appris qu’il en avait
été de même dans toutes les villes d’Algérie. L’euphorie
gagnait. J’ai retrouvé cette euphorie qui me rappelle le jour de
l’indépendance de l’Algérie. Je n’étais alors qu’une
fillette.
L’hélicoptère
continuait à planer sur la ville.
Notre jeunesse venait
de nous donner une belle leçon de courage, de civisme et de
détermination. Je sors mon téléphone et je filme. Je fais peu de
photos. Je suis prise dans le mouvement. Je remarque qu’il y a
beaucoup de femmes et de jeunes filles non voilées. Les gens
arrivaient de tous les côtés pour participer à cette contestation
nationale. Devant la Grande Poste, j’ai remarqué une fillette sur
les épaules de son père. Elle tenait un cadre vide devant sa tête.
L’allusion était flagrante : depuis plus d’un an, le
président Bouteflika était remplacé par sa photo encadrée à
chaque événement officiel. La présentation “du cadre” a fait
l’objet de nombreux quolibets et caricatures. Je la filme.
Des youyous
jaillissaient des balcons et des portes des immeubles. Une femme
voilée devant une porte se laisse filmer en train de pousser des
youyous. Puis soudain sur ma gauche, une agitation. Je cesse de
filmer. Un groupe de jeunes était en train de virer un homme de la
manif en répétant : “Chaâbia ! Populaire !”
C’était Moussa Touati d’après les gens tout autour. C’est le
chef d’un petit parti réputé pour son allégeance au régime, qui
venait exposer sa veste retournée à un public qui n’entendait
tolérer aucune récupération politicienne, encore moins celle d’un
homme “du système” !
Toutes sortes de
slogans fusaient et des chants contre le gouvernement aussi. Celui de
la Casa d’el-Mouradia étant le plus célèbre car depuis
longtemps chanté dans les stades de football par des milliers de
supporters. Un hymne de la Révolte. C’est dans les stades de foot
que les jeunes des quartiers populaires se sont exercés et ont
commencé le match ultime contre le pouvoir. En réalité c’est là
que la révolte est née et c’est là que les slogans ont été
depuis longtemps rodés.
Chère Leïla, je te
résume ici quelques slogans entendus ce 1er mars 2019.
Echaab
la yourid Bouteflika oua Saïd ! (Le peuple ne veut ni de
Bouteflika, ni de Saïd !) Saïd est le frère cadet du
Président.
Ouyahia,
ya el hmar, Jazair mahich Syria ! (Ô Ouyahia, ô l’âne,
l’Algérie n’est pas la Syrie !) Cela parce que le Premier
ministre avait dans une allusion mis en garde contre la guerre
civile en Syrie. Les jeunes avaient compris qu’il s’agissait là
d’une menace et de l’agitation du spectre du terrorisme pour les
museler.
Khlitou
Lbled ya saraqin ! (Vous avez vidé le pays vous les
pilleurs !)
Jamhouria
mahich Malkya ! (C’est une République pas une monarchie !)
etc.
C’était remarquable
et surprenant d’entendre ces slogans de la colère dans une
ambiance festive et fraternelle.
Lorsqu’une bombe
lacrymogène était jetée (très peu sur la place Audin), les gens
arrosaient les mouchoirs des voisins avec l’eau vinaigrée.
Lorsqu’un jeune était tenté d’abîmer quoi que ce soit, il
était rappelé à l’ordre. J’ai vu des jeunes tirer par le pied
un individu qui grimpait sur le pilier portant la plaque “Place
Audin” et le faire descendre manu militari.
Quatre heures après,
en retournant vers Bougara, Mohamed et moi avons été surpris par
une autre manifestation aussi importante que celle que nous venions
de quitter sur le boulevard Krim Belkacem. Mêmes slogans, mais
ceux-là semblaient plus “énergiques” dirons-nous dans leur
colère. Puis, trois hommes, barbus et en qamis, se sont arrêtés en
plein milieu de la foule et de la chaussée pour effectuer leur
prière, tête sur le macadam. C’était la prière du Asr, de
l’après-midi, je crois car il faisait encore bien jour. Leur
intention était sûrement d’entraîner la foule pour ce genre de
prières de rue collectives qui caractérisaient l’époque où
l’intégrisme se donnait à voir pour impressionner. Époque
révolue semble-t-il. La foule des jeunes manifestantes et
manifestants (la mixité était partout) passait son chemin sans même
un regard pour ces prieurs bien esseulés.
Ce qui m’a frappée
dans cette manifestation, est l’ambiance festive, la solidarité et
ce sentiment de fraternité entre les “révoltés”. J’ai oublié
de te dire qu’il faisait chaud et que des femmes jetaient de leurs
balcons des bouteilles d’eau minérale fraîches aux manifestants
tout en youyoutant.
Je n’ai pas pu être
présente le 8 mars mais Mohamed me dira qu’il y avait
infiniment plus de monde, plus de femmes et d’enfants. Je me suis
souvenue de ce que le jeune chauffeur de taxi m’avait dit le
15 février : “Le 8 mars, je garderai les enfants et
ma femme ira manifester !”
Nos familles à Tiaret,
à Oran, à Mostaganem, à Tlemcen, nous raconteront la même
ambiance pacifique, comme partout ailleurs en Algérie.
Depuis mon retour je
suis les événements via Mohamed et les médias. Je repars en
Algérie cette semaine.
Face à ce mouvement
que personne ne soupçonnait, sinon les jeunes, ma conviction est que
nous assistons à une révolution d’un ordre nouveau. La jeunesse
née avec l’ère de l’électronique et des réseaux sociaux ne
cessera pas de nous surprendre. Le mouvement algérien est précurseur
d’un mouvement mondial. Nous le voyons bien avec les manifestations
pour le climat, ceux des gilets jaunes pour un “mieux vivre” et
j’en passe. Les “vieux” n’ont qu’à bien se tenir !
Bien à toi et Vive
l’Algérie ! Nora »
Ce
jeune dit « Moi j’ai les mains
propres ».
Des parents manifestaient avec leurs enfants.
La mixité est importante durant la manif. Mohamed et moi avec le slogan Salmiya distribué par les
jeunes.
photos de Nora Aceval
Le symbole de la Place
Audin à Alger est plus fort que tous les discours. Maurice Audin
a résisté, il a lutté pour l’indépendance de l’Algérie,
comme cette jeune génération lutte aujourd’hui pour sa
libération, la libération de son pays, l’Algérie, qu’elle
n’abandonnera pas.
Cette génération crie
en arabe et en français DÉGAGE ! (le mot-clé des révoltes
arabes de 2011) à tous les accapareurs et manipulateurs du SYSTÈME.
Josette Audin a été
mon professeur de mathématiques au lycée de Kouba à Alger. Elle a
obtenu la reconnaissance comme « crime d’État » de la
mort de Maurice Audin, son jeune mari, grâce à Cédric Villani,
Médaille Fields 2010, mathématicien, comme Maurice Audin et, comme
lui, fils de Pieds-noirs. Les Comités Audin, fondés par
Pierre Vidal-Naquet en 1958 avec Jean-Claude et Michelle Perrot,
Jacques et Mona Ozouf, engagés pour l’indépendance algérienne,
n’avaient pas réussi à obtenir ce que Cédric Villani a enfin pu
obtenir en 2018.
Josette Audin meurt
quelques mois après cette reconnaissance de crime d’État et avant
le Réveil et la Renaissance de son pays natal, l’Algérie. Je lui
aurais téléphoné à Bobigny, comme à mon père pour me réjouir
avec elle de ces beaux jours algériens. J’étais allée la voir en
1999 pour parler avec elle de la guerre de Libération. L’entretien
a été publié dans la revue de Marie Virolle :
Algérie/Littérature/Action. Au bord de la bibliothèque de
Josette Audin, une photo de Maurice Audin, il est jeune, il est beau.
On peut le voir dans mon livre : Mes Algéries en France,
texte et images, préface de Michelle Perrot (2004, éd. Bleu
autour).
Je raconterai cette
belle histoire algérienne du printemps 2019, même si elle finit
mal, à Lucien Igor Suleïman, qui m’écrit (il a 13 ans) :
« Je n’ai pas
besoin de voyager pour dire que je viens de loin. »
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