Juillet-août 2017
L’été dans les
villes. Laideur des corps dénudés. Un conte oriental. Festival d’Avignon.
Mohamed Kacimi attaqué par la ministre de la Culture d’Israël pour sa pièce sur
la mort de M. Merah. Colloque de Cerisy avec Sabrinelle Bédrane sur la
nouvelle. Houlgate avec Albert Dichy sur L’Orient est rouge. En Kabylie, des manifestations pour la
liberté d’expression culturelle. La femme en blanc. Mur souterrain autour de
Gaza. À Barcelone, attentat islamiste meurtrier. Le colleur d’affiches de la
ligne 6 à Paris.
Début juillet
C’est l’été. Vive l’hiver.
L’été. Le soleil. La chaleur. Autant de prétextes pour se
dénuder. Apparaissent les corps, leurs défauts et disgrâces. L’été dans les
villes est indécent et triste. Ma sœur Lysel, lorsque je lui décrivais la
laideur de la rue citadine d’été, me trouvait intolérante, injuste. Elle avait
raison. Je n’aime pas l’été.
Vivement l’hiver où les corps ne se montrent pas. On peut
les imaginer. Des vêtements seyants laissent présager un corps désirable. On
regarde les passants et les passantes, on les suit, on se retourne, ils sont
séduisants et peut-être beaux…
À la librairie Corcelle, rue de Condé à Paris 5e, en attendant l’alphabet de
Mlle Lili, j’ai acheté un « Petit père Castor » Le tapis volant, une édition de 1935. Un
beau conte oriental. Trois jeunes princes, des frères, aiment leur cousine. Ils
devront subir des épreuves pour savoir lequel des trois sera l’heureux époux.
Le sultan et ses trois fils.
le départ
le
retour au palais sur le tapis volant.
Mi-juillet
Mohamed Kacimi et Yohan Manca font l’objet d’une plainte
pour apologie du terrorisme pour la pièce programmée et jouée au Festival
d’Avignon du 6 au 11 juillet : « Moi, la mort, je l’aime, comme
vous aimez la vie » de Mohamed Kacimi sur Mohammed Merah, le terroriste
islamiste toulousain. La ministre de la Culture israélienne demande à la
ministre de la Culture française d’interdire le spectacle. La dernière
représentation de la pièce s’est déroulée le 11 juillet, sans incident. Y
aura-t-il un procès ?
18 juillet
Au colloque de Cerisy-la-Salle, un entretien avec
l’universitaire Sabrinelle Bédrane sur la nouvelle, les nouvelles, en
particulier Le ravin de la femme sauvage
et L’Orient est rouge (éd. Elyzad,
2017). Nous avons aussi parlé du recueil Une
enfance dans la guerre, Algérie 1954-1962 (éd. Bleu autour, 2015) où
figurent des textes brefs inédits d’auteurs nés en Algérie, enfants durant la
guerre de libération algérienne.
20 juillet
À Houlgate. 16e rencontres
d’été, théâtre et lecture en Normandie, organisées par Philippe Müller et
Vincent Vermillet. Albert Dichy mène la rencontre avec moi. Il est directeur
littéraire de l’IMEC (Institut des Mémoires et de l’Édition contemporaine) où
j’ai déposé mes archives. Nous parlons de L’Orient
est rouge et de Je ne parle pas la
langue de mon père, L’arabe comme un
chant secret, Sur la colline une
koubba, réédition de deux récits et d’une nouvelle inédite. Des
commentaires critiques, des aquarelles de Sébastien Pignon, un cahier photos
(éd. Bleu autour). Albert Dichy, né au Liban, spécialiste de Jean Genet, dit
qu’« on entend une mélopée arabe » à la lecture de mes textes, ce qui
me fait plaisir parce que j’ai écrit ces textes en hommage à mon père.
J’ai marché sur la digue, la mer était là, comme à
Port-Say en Algérie.
Houlgate, 20 juillet 2017 (coll.
part.).
22-23 juillet
Sur la porte de la salle de prière musulmane, à
Pont-de-Beauvoisin, dans l’Isère, une tête de sanglier.
Fin juillet
Après l’interdiction d’un café littéraire en Kabylie, à
Aokas, des milliers de citoyens algériens ont défilé, un livre à la main, pour
le droit à la culture, au débat intellectuel, à la liberté d’expression.
Août
Classer mes archives pour l’IMEC. Mettre à jour, j’ai
commencé il y a 4 ans, à la demande de l’IMEC. Ferdinand et Sébastien
n’auront pas la charge de mes dossiers. Je suis soulagée. Je peux les consulter
à l’Abbaye d’Ardenne, près de Caen, quand je le souhaite. Poussière du mois
d’août et des papiers…
La femme en blanc, sur un mur de la rue Abel Hovelacque
dans le 13e. Elle était
belle. Elle est taguée, déchirée. Elle sera bientôt la femme invisible.
Rue Abel Hovelacque, 13e,
février/mars/avril 2017 (coll. part.).
Rue Abel Hovelacque, 13e, mai/juin 2017 (coll.
part.).
Rue Abel Hovelacque, 13e, juillet/août 2017
(coll. part.).
Mi-août
Un mur souterrain autour de Gaza pour
empêcher les combattants du Hamas d’utiliser les tunnels contre Israël.
Barrière de sécurité, mur qui asphyxie davantage Gaza qui est déjà une prison à
ciel ouvert. Un mur de 64 km, qui sera achevé en 2019. C’est le nouveau
projet d’Israël contre les Palestiniens. La colonisation se poursuit dans les
territoires occupés. Comment croire à la possibilité d’un État
palestinien ? Sur quelle terre ? Depuis plus d’un demi-siècle, Israël
s’approprie impunément des terres qui ne lui appartiennent pas, un hold-up
permanent auquel personne ne s’oppose. Les Palestiniens sont abandonnés par la
communauté internationale.
Un double attentat islamiste à Barcelone sur les Ramblas.
13 morts, 50 blessés. À 150 km, dans une station balnéaire.
7 blessés. Un groupe d’amis et de frères hispano-marocains se préparait
depuis plusieurs semaines. Ils ont grandi en Catalogne, sont allés à l’école en
Catalogne, parlent le catalan et l’espagnol. Certains travaillaient. Les
terroristes ont agi au nom de Daech.
Fin août
Sous le viaduc, sur un pilier un artiste au pochoir.
Sur la ligne 6, Étoile-Nation, le colleur d’affiches,
le même depuis que je prends la ligne 6, à Glacière ou Corvisart. Habile,
efficace. Sébastien a peint de belles aquarelles de colleurs d’affiches dans le
métro parisien, pour Le pays de ma mère,
Voyage en Frances (éd. Bleu autour, 2015).
Le colleur d’Affiches, ligne 6, 13e, juillet/août 2017
(coll. part.).