Septembre 2014
Sainte-Livrade-sur-Lot,
les rapatriés indochinois de 1956. Mariage algéro-tunisien avec
drapeaux
tunisien et algérien, boulevard Blanqui (Paris 13e).
Les jeunes
jihadistes français. Police des mœurs islamique en Allemagne. Le
Chambon-sur-Lignon avec Patrice Rötig, Rachel Cohen, chez Jean-François
Manier,
typographe (éd. Cheyne).
8
septembre
Dans Libération,
un reportage sur le Centre d’accueil des Français d’Indochine, le Cafi,
à
Sainte-Livrade-sur-Lot. 400 000 personnes ont quitté
l’Indochine en 1956.
5 000 sont dirigées vers la France, 1 200
vers Sainte-Livrade.
Combien vers Noyant-d’Allier ? Je suis allée avec D à
Sainte-Livrade, j’en
parle dans Voyage en Algérie autour de ma
chambre, Abécédaire (éd. Bleu autour, 2008). Un nouveau
lotissement
remplace les anciens bâtiments. Dominique Rolland que j’ai rencontrée à
l’occasion d’une table ronde sur le métissage, auteure de Petits Vietnams, histoire des camps de rapatriés
d’Indochine
(Elytis, éd. 2010) propose à la mémoire des Anciens un dallage de
briques
portant le nom de chacune des familles du Cafi, avec documentation
numérique.
13
septembre – Samedi
Un mariage algéro-tunisien dans
les HLM du
boulevard
Blanqui. Klaxons intempestifs, tambours, musique, danse femmes et
hommes sur le
trottoir sous les fenêtres. La mariée en blanc traverse, majestueuse,
la rue.
Des voitures en double file, une voiture de luxe toit ouvert. C’est la
fête.
Drapeaux algériens et tunisiens. Revendication nationale, comme sur le
Stade de
France lors de la victoire du Mondial, des drapeaux algériens sur la
pelouse.
J’avais pensé, dans ces années-là, avant la vague jihadiste, que
c’était un
signe d’intégration : on n’avait pas à cacher ses origines
algériennes,
tout en étant français nés en France de parents algériens. Vingt ans
plus tard,
la situation a changé, l’islamisation se radicalise, de jeunes
musulmans
français se rendent en Irak et en Syrie pour se battre avec des
combattants de
« l’État islamique », ils sont des centaines, garçons
et filles,
femmes, hommes, enfants… Ils sont français, ils ont des passeports
français,
ils reviendront en France.
Ces drapeaux déployés dans la
rue du 13e arrondissement
disent « Nous ne sommes pas de ce pays mais nous lui imposons
nos coutumes »…
On entend encore les klaxons dans le quartier.
Dans la Meuse, l’été dernier,
j’ai vu un
mariage musulman
dans la ville avec musique et danses, femmes en hijeb, comme à Paris,
il n’y
avait pas de drapeaux algériens ni tunisiens.
Diffusion d’une vidéo par EI.
C’est la
décapitation d’un
otage britannique membre d’une ONG en Syrie. La Grande-Bretagne entre
dans la
coalition contre l’EI.
9
septembre
Enfin
un appel rendu public à la Grande
Mosquée de Paris
« Musulmans et chrétiens solidaires pour la défense des
chrétiens
d’Orient ! » On l’attend depuis des mois. L’UOIF
(Union des
organisations islamiques de France) n’a pas signé l’appel… alors que
des crimes
contre l’humanité sont perpétrés et que l’Islam est instrumentalisé.
L’Orient musulman chasse les
chrétiens
comme il a chassé les
juifs. Qu’adviendra-t-il de cet Orient que les artistes et les
écrivains du xixe siècle
ont
découvert dans l’enchantement ? Orient cosmopolite,
hospitalier, riche de
cultures et de langues diverses. Il interdit aujourd’hui l’étranger…
L’espoir
des révoltes arabes est ruiné.
14
septembre
En Rhénanie Nord Westphalie des
salafistes
gilet orange
« sharia
police » font
des rondes nocturnes contre l’alcool et les salles de jeu, une police
des mœurs
comme il en a existé en Iran, comme il en existe aujourd’hui dans
« l’État
islamique » Irak/Syrie. À Wissou, en France, Richard Trinquier
dénonce des
projets de tribunaux islamiques… Il y aurait un millier de jeunes
Français
musulmans et convertis en Syrie/Irak. Pour la première fois des jeunes
filles
mineures partent pour le jihad. Elles seront combattantes de la
foi ?
Mariées de force ? Esclaves sexuelles et ménagères ?
Il n’existe pas encore de
récits de la vie de ces jeunes
exaltées, idéalistes peut-être, elles ont cru à la bonne foi des
recruteurs et
qu’elles vont travailler au bonheur universel ?
15
septembre
Rachel Rita Cohen qui a écrit
un récit de
son enfance
égyptienne dans Une enfance juive en
Méditerranée musulmane (éd. Bleu autour, 2012), m’envoie des
photos du
voyage au Chambon-sur-Lignon le 11 juillet après l’inauguration
officielle des
éditions Bleu autour à Saint-Pourçain-sur-Sioule, dans la nouvelle
maison de
Patrice et Deniz, le 10 juillet.
De Saint-Pourçain au Chambon
avec Rachel
et Patrice, nous
traversons des paysages que Rachel découvre, curiosité joyeuse. On
s’arrête à
Firminy et comme s’il attendait Patrice et ses mots turcs, un
restaurant Le Jean Jaurès, nous
sourit en turc. Ce
n’est pas exactement un kebab, c’est un mixte France/Turquie.
Au Chambon, le fameux lycée
protestant qui
a accueilli des
juifs sous l’occupation, n’existe plus.
La librairie-bar à vins L’arbre
vagabond de Jean-François et Simon Manier domine une colline.
C’était, je
crois, une ancienne école et Jean-François a connu la dernière
institutrice. Une
belle librairie, hospitalière, raffinée comme une maison de la bohème
anglaise.
On a envie de s’asseoir là, dans les livres et l’odeur de la cuisine de
Simon,
le fils de Jean-François, pour toujours. Jean-François Manier
typographe, a
fondé avec sa femme les éditions Cheyne, et chaque année il invite un
éditeur
et un auteur avant Les lectures
vagabondes de l’été, lectures sous l’arbre.
Jean-François Manier nous a
donc invités,
Patrice Rötig
comme éditeur et moi comme écrivain, à parler ensemble de notre travail
de
« Gens du livre ». Rachel, quelques jours plus tard,
m’a envoyé une
belle lettre sur la rencontre, conviviale, généreuse, heureuse, entre
le
jardin, les mots et les mets de Simon. Un moment précieux que racontent
les
photos de Rachel. Patrice qui n’est pas un conservateur n’a pas
enregistré la
rencontre, il n’a pas pris de photos… Il n’aime pas l’archive, je
crois. Rachel
était là pour l’image et ses mots.
Le Chambon-sur-Lignon. À la librairie-bar à vins de
Jean-François Manier avec
Jean-François Manier, Patrice Rötig, Leïla Sebbar,
11
juillet 2014 (photos Rachel Cohen).
présentation à
Saint-Pourçain-sur-Sioule du livre de Leïla Sebbar Le pays de ma mère
(éd. Bleu
autour),
10 juillet 2014 (photos Rachel Cohen).
Le Chambon-sur-Lignon. Jean-François Manier, Patrice Rötig et Rachel
Cohen.
Mi-septembre
et après
Les États-Unis bombardent en
Irak et en
Syrie pour éradiquer
les jihadistes de « l’État islamique ». La France
cherche, comme en
Afghanistan, une petite place de supplétif. On croit qu’on a réussi en
Centre-Afrique, au Mali. Les islamistes radicaux sont toujours présents
et ils
essaiment en Somalie, au Kenya. Au Nigeria Boko Haram nargue le pouvoir
et les
puissances occidentales. En Libye après l’intervention du trio
USA-France-Angleterre, c’est le chaos et l’islamisme prolifère, menace
la
Tunisie et la région. Échec, échec, échec…
Et on veut encore bombarder,
bombarder.
Comme Israël à
Gaza : plus de 2 000 morts,
500 enfants tués, plus de
10 000 maisons détruites. Côté israélien moins de
10 civils tués
dont 1 enfant. Crimes contre l’humanité. On parle de barbarie
pour les
uns, on ne dit rien pour les autres et les USA ne condamnent pas les
massacres
à Gaza, Israël poursuit dans l’impunité et continue la colonisation.
Qu’on ne
s’étonne pas des réactions violentes contre ces injustices. David
Grossman
lui-même, écrivain israélien, déplore le comportement politique
guerrier de son
pays, dans une tribune du journal Libération.
Mi-septembre
et après
Les États-Unis bombardent en
Irak et en
Syrie pour éradiquer
les jihadistes de « l’État islamique ». La France
cherche, comme en
Afghanistan, une petite place de supplétif. On croit qu’on a réussi en
Centre-Afrique, au Mali. Les islamistes radicaux sont toujours présents
et ils
essaiment en Somalie, au Kenya. Au Nigeria Boko Haram nargue le pouvoir
et les
puissances occidentales. En Libye après l’intervention du trio
USA-France-Angleterre, c’est le chaos et l’islamisme prolifère, menace
la
Tunisie et la région. Échec, échec, échec…
Et on veut encore bombarder,
bombarder.
Comme Israël à
Gaza : plus de 2 000 morts,
500 enfants tués, plus de
10 000 maisons détruites. Côté israélien moins de
10 civils tués
dont 1 enfant. Crimes contre l’humanité. On parle de barbarie
pour les
uns, on ne dit rien pour les autres et les USA ne condamnent pas les
massacres
à Gaza, Israël poursuit dans l’impunité et continue la colonisation.
Qu’on ne
s’étonne pas des réactions violentes contre ces injustices. David
Grossman
lui-même, écrivain israélien, déplore le comportement politique
guerrier de son
pays, dans une tribune du journal Libération.
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