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Sébastien Pignon
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Juin-juillet 2014
Le
président Mitterrand en
Dordogne. Mehdi Nemmouche. Les prostituées de Belleville à Paris.
L’ABCD de l’égalité. Israël bombarde Gaza occupée. Luc Thiebaut en
Algérie, la Singer. Réouverture des synagogues en Algérie ? De
l’eau sale dans les rues de Jérusalem-Est, nouvelle arme anti-émeute
contre les Palestiniens. Zarafa la girafe pour Lucien Igor Suleïman.
Juin 2014
Jeanine Sanchez qui a vécu dans l’école de ses parents, instituteurs à
Chenaud, le village de mon grand-père, au bord de la Dronne, m’envoie
une coupure de presse inattendue : M. Mitterrand en Dordogne.
« J’avais envie de revenir dans mon pays d’origine. C’était
pour
moi une grande joie que d’aller à Saint-Aulaye, Chenaud, Aubeterre,
Saint-Privat et de parcourir les chemins que je connais depuis très
longtemps. » Chemins de l’enfance de ma mère, de mon enfance,
que
je raconte dans Le pays de ma mère, voyage en Frances (éd. Bleu autour,
dessins, aquarelles, gravures de Sébastien Pignon, 2013). Chemins de
François Mitterrand…
Jeanine et Émile surveillent, comme moi, la cigogne de Chenaud. Elle
est peut-être tombée au moment où j’écris. Je ne le saurai pas, je
n’irai pas à la Gonterie cet été.
3 juin
Dans le journal Le Monde,
un portrait du jihadiste assassin de
Tourcoing, Mehdi Nemmouche, 20 ans, antisémite comme Mohamed
Merah
de Toulouse, il y a deux ans, qui a assassiné des juifs, adultes et
enfants.
De foyers en familles d’accueil, il est élevé, en partie, par sa
grand-mère. Délinquant, il se radicalise en prison, comme plusieurs
Arabes de France. Il voyage autant que Merah, en Turquie, Asie, Syrie.
À son retour de Syrie, il tue quatre personnes au musée juif de
Bruxelles. Dans ses sacs, lors de son arrestation à Marseille le
30 mai 2014, à côté de la kalachnikov, des munitions, d’un
revolver, un drap blanc avec des inscriptions en arabe « État
islamique d’Irak et du Levant » « Dieu est
grand ». Son
linceul ?
Fin juin
Je marche sur le boulevard de la Villette et le boulevard de Belleville
à Paris. Des hommes du Sud assis sur les bancs, bavardent. Des
clandestins désœuvrés. Ils regardent passer les prostituées chinoises,
jeunes et moins jeunes, ensemble comme des collégiennes à la sortie de
l’école, elles parlent, elles rient. La Chine n’est pas loin. Les
femmes et jeunes fille arrivent. Elles devront rembourser leur voyage
(combien de passes ?) et travailler pour une proxénète
chinoise
dans des salons de massage. Depuis 2005/2006, ces Chinoises viennent de
la Chine du Nord, 15 clients par jour, 20 à 40 euros
la passe
dans des caves et des appartements misérables. On les appelle
« Les Marcheuses ».
Juillet 2014
Les adversaires de l’ABCD de l’égalité sur les stéréotypes
Masculin/Féminin, ont gagné. Les ministres de l’Éducation nationale,
Benoît Hamon et des Droits des Femmes, Naja Vallaud-Belkacem retirent
courageusement les ABCD… Farida Belghoul triomphe. Martine Storti, dans
une tribune du journal Le
Monde analyse très justement la dérobade des
ministres. Elle avait participé, avec d’autres femmes, au
numéro
spécial des Temps Modernes que j’avais dirigé « Petites filles
en
éducation » (mai 1976). Depuis l’Émile de Jean-Jacques
Rousseau,
l’éducation des filles les a conditionnées à un rôle de
mère-épouse-femme au foyer exemplaire lié à la différence des sexes,
Justification de leur infériorité naturelle. On sait, depuis les divers
mouvements de femmes en Europe et en Amérique, que la différence des
sexes n’autorise pas ces préjugés et stigmatisations. Mais les
idéologies sexistes, misogynes résistent encore à travers le monde à
cette analyse qui démontre que le cerveau des femmes est identique à
celui des hommes.
8 juillet et les jours suivants
Opération israélienne contre les missiles de Gaza « Bordure
protectrice » après « Pluies d’été » en
2006,
« Plomb durci » en 2008-2009, « Pilier de
défense »
en 2012. Le 11 juillet, Netanyahou a déclaré qu’il était
opposé à
la création d’un État palestinien souverain. L’occupation de Gaza se
poursuit, malgré les divers accords signés : l’État israélien
contrôle le registre d’état civil, les eaux territoriales, l’espace
aérien et l’unique terminal commercial. Les Gazaouis n’ont pas le droit
d’accéder à leurs terres agricoles le long de la frontière avec Israël.
70 % de la population dépend des distributions d’aide
humanitaire.
La situation s’est aggravée depuis le départ des soldats israéliens, le
11 septembre 2005. Le blocus est toujours en place, les habitants de
Gaza ne circulent pas librement. Le Hamas de son côté a violé les
accords de cessez-le-feu en important par les tunnels des missiles
qu’il envoie sur Israël. L’arme des faibles face à l’arsenal aérien et
maritime d’Israël. D’où le nombre de morts civils gazaouis :
environ 1 000 pour 10 Israéliens dont des soldats.
Beaucoup
d’enfants ont été tués par des bombardements
« ciblés »…
O parle de paix. Quelle paix dans ces conditions ? Quelle paix
quand Israël poursuit cyniquement une colonisation qui ne laissera pas
d’espace pour la création d’un État palestinien. Colonisation
stratégique depuis des décennies.
Quelles sanctions internationales contre des crimes de
guerre ? Contre la colonisation illégale ?
Mi-juillet
Je reçois une photo de Singer en Algérie à Sidi-Aïch, prise par Luc
Thiébaut que j’ai rencontré à Dijon il y a quelques années. Il dirige
une « Maison de la Méditerranée » et voyage souvent
en
Algérie. Il me parle des synagogues de Constantine, Béjaïa, Setif et
Batna, son cimetière juif.
Sidi-Aïch en
Algérie, juin 2014
Je lis dans le journal Le Monde que
Mohamed Aïssa, le nouveau ministre
algérien des Affaires religieuses, envisage la réouverture des
20 synagogues fermées dans les années 1990. Il rappelle que la
Constitution autorise le non-musulman à pratiquer sa religion.
Opposition farouche des salafistes.
29 juillet
Sur l’esplanade de la République à Paris, les silhouettes des deux
cents jeunes filles enlevées par Boko Haram au Nigeria.
Place de la République, 29 juillet
2014, jeunes filles de Boko Haram (coll. part.)
Place de la République, 29 juillet
2014, jeunes filles de Boko Haram (coll. part.)
Fin juillet
Un nouveau procédé contre les manifestations à Jérusalem :
projeter dans la rue, sur les murs des maisons, un produit nauséabond,
pour empêcher les habitants de sortir dans le quartier Est palestinien.
Sanction collective, punition, humiliation. L’odeur persiste dans les
maisons, sur les vêtements. « On nous traite comme des rats ou
des
moustiques » dit une Palestinienne.
Je retrouve le livret d’un projet de Sébastien pour un album jeunesse
Zarafa la girafe pour Lucien Igor Suleïman.
Le périple de la girafe Zarafa offerte par le pacha d’Égypte au roi
français Charles X en 1826. « Fille des
déserts »,
« Fille d’Afrique », la girafe, accompagnée par le
savant
Geoffroy Saint-Hilaire depuis Marseille jusqu’à la ménagerie royale du
Jardin des Plantes, éblouit la France entière. Elle portait une
amulette coranique jusqu’à sa mort en 1845.
J’ai vu la dépouille naturalisée de « La belle
Égyptienne » au Muséum de la Rochelle.
Durant son exil parisien, on lui a offert une amie girafe, elle
s’ennuyait, on les a appelées « Les Égyptiennes ».
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droits réservés
« Zarafa la girafe 1», Sébastien Pignon.
« Zarafa la girafe 2», Sébastien Pignon.
« Zarafa la girafe 3», Sébastien Pignon.
« Zarafa la girafe 4», Sébastien Pignon.
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les suites précédentes 1 à 25
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